D. Méthodologie.

Qu’ils suivent une filière traditionnelle à dix-huit ans ou le cursus Apprentissage Anticipé de la Conduite à partir de seize ans, la formation initiale est identique et réglementée : vingt heures minimum de conduite, quatre étapes à franchir successivement, même niveau d’exigence pour la validation des objectifs et des étapes. Lorsqu’il part avec son accompagnateur, le jeune a reçu la même formation que le conducteur qui passe son permis de conduire et circule seul. La différence entre les deux méthodes réside donc dans la phase « accompagnement » et les rendez-vous pédagogiques, ce qui constitue le « plus » dont bénéficient les jeunes de seize ans.

Les études quantitatives n’ont pas permis de démontrer l’efficacité de l’A.A.C. sur le taux d’accidents des jeunes conducteurs. A notre connaissance, seule l’étude de Françoise CHATENET a été menée sur la conduite accompagnée. Elle a étudié ce qui se passe au cours de cette phase. Les présupposés théoriques laissent à penser que ce cursus de formation est en soi efficace. Certaines statistiques tentent d’établir un lien entre concepts théoriques et présence ou non des jeunes dans les accidents. Cette démarche nous semble prématurée car nous ignorons tout de l’application concrète des préceptes de l’Apprentissage Anticipé de la Conduite. La théorie doit se référer à ce qui se passe dans la pratique. Nous proposons d’enrichir l’approche théorique par une approche de terrain, en cherchant des éléments de réponse à la question : «  comment les acteurs vivent ce processus ? ». Ce préalable permettra de « savoir de quoi on parle », de poser les bonnes questions.

Il y a d’une part des textes réglementaires qui disent ce qu’est, de manière formelle, la conduite accompagnée. D’autre part, il y a ce que font et ce que pensent les gens. Est-ce la même chose ? Y a-t-il des différences significatives ? Nous allons tenter de vérifier comment les prescriptions théoriques de ce cursus de formation sont appliquées sur le terrain, mesurer la distance entre l’application réelle par les acteurs et les théories soulevées par les concepteurs. Nous ne pouvons nous contenter d’une description de ce que devrait être la conduite accompagnée. L’A.A.C. est ce qu’en font les gens dans la vie de tous les jours. Si nous voulons porter un regard sur les effets de ce système, il est nécessaire de s’enquérir des réalités.

Nous allons procéder à une série d’entretiens avec des jeunes et des accompagnateurs et élaborer un questionnaire destiné aux enseignants de la conduite automobile et aux inspecteurs du permis de conduire et de la sécurité routière. Une autre série d’entretiens avec des victimes d’accidents de la route, des chercheurs, des journalistes, des institutionnels…, portera sur la notion de conducteur citoyen. La confrontation de ces données empiriques avec les instructions officielles nous permettra de mesurer la distance entre les textes et le terrain.

Ce préalable étant réalisé, pour vérifier la spécificité des opérations mentales que les jeunes A.A.C. élaborent lorsqu’ils conduisent, nous allons circuler avec eux, leur faire commenter leur conduite et analyser ensuite leurs commentaires.

Nous allons réaliser un questionnaire destiné aux jeunes et aux accompagnateurs afin de caractériser les techniques d’accompagnement. Enfin, nous allons procéder à des études de cas d’accidents pour nous enquérir des différents niveaux d’intégration de la notion de sécurité routière.