1.5. Les institutionnels et l’A.A.C.

L’analyse des questionnaires et des entretiens menés auprès des professionnels de la conduite vient confirmer notre expérience, les avis recueillis au cours des nombreux entretiens et conversations au fil des années avec les acteurs concernés par la sécurité routière. Pour cette étude, nous sommes en possession de onze questionnaires remplis par des inspecteurs de permis de conduire et de la sécurité routière et dix-neuf questionnaires par des enseignants de la conduite. Nous avons été frappé par l’implication de ces personnes qui ont répondu en apportant de nombreux commentaires.

Avantages de la conduite accompagnée :

Les points faibles, lacunes, dysfonctionnements :

Comment améliorer ce cursus de formation ? :

Quel autre type d’apprentissage permettrait de parvenir à une conduite « citoyenne » :

Les enseignants de la conduite automobile pensent que globalement l’Apprentissage Anticipé de la Conduite est un bon système de formation, qu’il est réellement novateur dans le sens où plusieurs personnes sont réunies pour une même cause. Ils affirment que si les parents jouent le jeu, s’ils font réellement conduire le jeune dans toutes les situations et s’ils relaient bien le discours de l’auto-école, le jeune peut adopter une conduite avec un esprit de sécurité. Mais ils ajoutent aussitôt que ce n’est pas toujours le cas et que quelques élèves se contentent de faire l’aller-retour pour se rendre à l’école ; ils effectuent des trajets sans aucune difficulté particulière. Les enseignants pensent que, dans ce cas, les kilomètres parcourus ne servent à rien. Ils constatent lors des rendez-vous pédagogiques que le niveau de conduite après mille kilomètres parcourus, voire trois mille lors de la seconde séance, est largement inférieur à celui qui était atteint à la fin de la formation initiale.

Pour eux, les établissements d’enseignement de la conduite accomplissent correctement la mission qui leur est dévolue, mais ce sont les parents qui quelquefois ne prennent pas le relais. Ils préconisent en outre une formation pour les accompagnateurs. ‘«’ ‘ Il leur faudrait une mise à niveau, en Code de la route et en conduite. ’ ‘»’

Les Inspecteurs du Permis de Conduire et la Sécurité Routière voient aussi l’A.A.C. comme un bon produit. Ils constatent chez certains candidats un niveau de performance largement supérieur à celui de la formation traditionnelle, notamment en matière d’anticipation, de prise d’information, et d’intelligence des situations. Néanmoins, ils nous confient que depuis que ce système s’est démocratisé (l’A.A.C. a concerné 191121 candidats en 2002, c’est-à-dire vingt-sept pour cent de l’ensemble des permis B délivrés), le niveau baisse et certaines prestations laissent à désirer. Certains jeunes repassent l’examen plusieurs fois, quelques uns doivent même repasser l’examen théorique, car ils ont échoué cinq fois à la pratique. Pour eux, la solution réside en une multiplication des contrôles pédagogiques dans les établissements d’enseignement de la conduite.

A chaque communiqué d’une Préfecture ou du Ministère des Transports, il est réaffirmé que l’A.A.C. est une bonne filière de formation et qu’il serait souhaitable de la développer. Les pouvoirs publics voient dans la conduite accompagnée l’occasion de donner la parole aux parents en permettant à ceux-ci de renouer le dialogue et de se réapproprier la mission éducative qui leur incombe. Les parents, eux, reconnaissent la compétence technique et pédagogique des moniteurs. Ils sont très demandeurs d’encadrement de la part de ces derniers, ils souhaitent des conseils, des recommandations pour le déroulement de la phase accompagnement. Mais, dans le même temps, ils limitent cette compétence au passage du permis de conduire. Pour eux il y a une conduite pour décrocher la feuille rose et une autre pour circuler en sécurité. Cette dernière est plutôt, selon eux, de leur ressort.