2.2. La tolérance.

‘«’ ‘ La conduite citoyenne c’est le respect des autres, c’est l’état d’esprit dans lequel on circule au volant, c’est être tolérant ’ ‘»’ ‘.’

‘«’ ‘ C’est aussi tenir compte du comportement des autres, de leurs erreurs éventuelles ’ ‘»’ ‘.’

‘«’ ‘ C’est savoir accepter les erreurs des autres ’ ‘»’ ‘.’

‘«’ ‘ C’est ne pas être agressif vis-à-vis de quelqu’un qui fait une faute, parce que nous aussi ça nous arrive de faire des fautes, savoir les accepter ’ ‘»’ ‘.’

‘«’ ‘ Le conducteur citoyen, c’est tout moins que ce qu’il voudrait : moins vite que ce qu’il voudrait, moins bien nourri que ce qu’il voudrait, moins endormi, mieux attaché et mieux casqué ’ ‘»’ ‘.’

‘«’ ‘ Etre tolérant, ça ne veut pas dire accepter n’importe quoi ’ ‘»’ ‘.’

‘«’ ‘ Une arme, c’est une arme, la voiture est une arme ! ’ ‘»’

Conduire en sécurité, c’est être conscient que nous ne sommes pas seuls sur la route. La citoyenneté, c’est avoir intériorisé le caractère social, collectif des déplacements routiers. On parle de mentalités, d’état d’esprit : c’est bien de cela qu’il s’agit. Conduire, c’est savoir manipuler son véhicule, c’est respecter la loi, la règle : le Code de la route. Conduire de façon citoyenne, c’est tout ce minimum requis pour se déplacer en sécurité, mais c’est en plus cette intériorisation qui change profondément les attitudes. L’ensemble de nos interlocuteurs cristallise la citoyenneté autour de ces notions. Néanmoins, quelques différences notables.

Pour Jean-Pierre BELTOISE le plus grand mot d’une bonne sécurité routière, c’est la tolérance. Il faut apprendre à être tolérant. Mais il enchaîne immédiatement : il faut être tolérant envers ceux qui roulent vite ! Nous voyons bien ici les paroles d’expert, un discours élitiste qu’on ne peut en aucun cas généraliser à l’ensemble des conducteurs.

Au cours de l’émission Dimanche Midi Amar du 27 février 2000, Agnès JAOUI, cinéaste, qui a réalisé le film « La vie des autres », basé sur l’intolérance, représentait l’ingénue, face à tous ces « experts » de la sécurité routière, notamment ce professionnel de trente ans qui « croit » savoir. Elle affirme néanmoins : ‘«’ ‘ La tolérance, d’accord, admettons, oui. Et que du coup il fallait être tolérant vis-à-vis de la conduite à deux cents à l’heure par exemple, eh bien moi ce n’est pas du tout ce que je pense ! Etre tolérant ça ne veut pas dire accepter n’importe quoi, et je trouve que c’est très bien qu’il y ait des lois ’ ‘»’ . La conduite automobile n’est pas une affaire d’experts. Nous voyons bien, l’ingénue et son regard précis, juste, affûté car distancié sur notre système de circulation.

L’attention à soi.

‘«’ ‘ Je vois dans la conduite accompagnée l’armature des réflexes de survie des individus ’ ‘»’ ‘.’

‘«’ ‘ Le bon sens populaire dit : un homme averti en vaut deux, les jeunes A.A.C. sont mieux armés pour bien circuler et se protéger ’ ‘»’ .

Patrick CHEVILLOT voit dans la conduite accompagnée le fait de se préserver. Pour lui, les jeunes acquièrent une meilleure technique du regard et mettent effectivement de meilleures chances de survie de leur côté. Le fait de savoir trouver les indices pertinents n’est pas, dans ce cas, angélique. Il tempère par là la notion de conduite citoyenne et affirme qu’il est vrai que ne pas se disperser dans la recherche des indices, c’est déjà qu’on dirige son attention vers un certain nombre de points particuliers, et notamment vers les autres, en essayant de prévoir l’évolution de leur comportement. Il est évident aussi qu’il y a des dangers à être meilleur, ou à se croire meilleur. Néanmoins, l’apport des anciens, la situation de conduite accompagnée donnent au jeune une meilleure connaissance des conditions de survie en circulation.

Le conducteur citoyen communique.

‘«’ ‘ Pour moi, c’est dans l’usage des clignotants qu’on voit si un conducteur conduit de façon citoyenne ou pas. De très nombreux automobilistes ne s’en servent jamais ! Ils sont seuls, seuls dans leur tête, seuls sur la route. Ils tournent, c’est tout, ils ne s’occupent de personne. Vous êtes arrêté à un stop, ça ne coûte rien à l’autre de signaler qu’il tourne, ainsi on peut démarrer tranquillement. Mais non, c’est chacun pour soi, et advienne que pourra. ’ ‘»’ .

‘«’ ‘ On voit bien, le souci de l’autre, c’est de se dire je vais mettre ma flèche, et l’autre comprendra, je lui facilite la tâche, je lui rends service, je ne le surprends pas. Je serai bien content, dans la situation inverse, qu’on me signale, qu’on me prenne en compte ! ’ ‘»’

Les enseignants de la conduite et de la sécurité routière définissent bien la conduite citoyenne dans l’usage des moyens de communication à la disposition des conducteurs. Il est vrai que ces moyens sont relativement pauvres, entre usagers, nous ne pouvons pas nous parler, nous faire de signes, sinon de façon fugace. Les clignotants ne sont pas légion aux intersections, aux ronds points, au démarrage, à l ’arrêt... Former un conducteur citoyen, c’est bien le sensibiliser à la présence de l’autre, à sa prise en compte et à agir de façon à l’aider. Un moniteur évoque : ‘«’ ‘ Je serai bien content, dans la situation inverse, qu’on me signale, qu’on me prenne en compte ! ’ ‘»’ Effectivement, si une pratique régulière des moyens de communication se généralise, si le conducteur prend l’autre en compte, l’autre, c’est moi, j’en serai bénéficiaire à un autre moment. Nous voyons ici que les « devoirs » nous permettent des droits, le droit de circuler sereinement, de façon apaisée dans un univers d’usagers communicants.