Quatrième partie : trois registres de propositions d’actions.

Les théories empruntées et les démarches de terrain nous conduisent à effectuer quelques propositions d’actions pour tenter d’améliorer le dispositif A.A.C. et les formations à la sécurité routière en général.

Notre étude concernant l’Apprentissage Anticipé de la Conduite a mis en évidence l’importance de l’expérience et des conditions de son acquisition. Un module de formation ou de sensibilisation dans le domaine de la sécurité routière devra favoriser dans tous les cas la réflexion sur l’action. Il s’agit d’abandonner les démarches plutôt techniques, plutôt réglementaires pour une attitude « citoyenne ».

La conduite citoyenne ne va pas de soi, elle n’est pas chose naturelle. Les réalités sociales sont distribuées entre l’ordre de la nature et celui de la culture, la citoyenneté se range assurément du côté de celle-ci : ni son idée ne s’impose d’elle-même à l’esprit comme une évidence indiscutable, ni sa pratique est aisée. Même si le postulat citoyen commence à s’imposer dans les discours institutionnels comme principe unique de comportement dans une société, il rencontre encore des résistances intellectuelles et il est l’objet de toutes sortes de dénaturations. Quant à la pratique, nous constatons que le souci du caractère collectif du déplacement routier n’est pas le souci majeur des usagers. Pour assurer une participation raisonnée et convaincue au concept citoyen, une éducation à la citoyenneté s’impose. La conduite apaisée est le produit de l’intelligence et de la volonté, pour devenir une seconde nature, elle requiert un apprentissage.

La conduite citoyenne peut faire l’objet d’une éducation, plus que d’un enseignement, car elle appelle une participation de toutes les facultés et pas seulement de la raison. Cette éducation, pour atteindre son objectif, la formation de citoyens éclairés et responsables, conjuguera trois démarches distinctes, toutes également nécessaires. La première sera naturellement d’ordre intellectuel : elle dispensera les notions élémentaires nécessaires pour comprendre la nature de la notion. Elle ne saurait suffire, car la citoyenneté sollicite la participation de la personnalité tout entière, elle est le produit de la volonté autant que de la raison : l’éducation impliquera donc aussi la formation du caractère, l’initiation aux valeurs qui sont liées à l’idée de citoyenneté. Elle comportera enfin une éducation au comportement : apprendre à respecter le point de vue d’autrui, admettre la relativité et les limites du sien propre, ce sont là des attitudes qui ne sont pas naturelles, elles vont à l’encontre de l’instinct de domination, de la propension à imposer ses idées à autrui.

Autant de questions qui ne peuvent trouver de réponse, autant de contradictions qui ne peuvent être surmontées que par une éducation qui enseigne à dépasser son propre point de vue, à subordonner ses vues personnelles ou ses intérêts de groupe à l’intérêt général. Le thème de l’éducation à la conduite citoyenne, comme concept et comme pratique, constitue une réponse, en l’inculquant dans les esprits et les conduites collectives.