2-2-2 L’observation directe

Je définirai l’observation clinique comme le temps de l’insaisissable. Insaisissable au premier regard, mais de l’ordre du, « ça surprend ».

Cette emprise d’un temps d’hospitalisation, hors rencontre, de ce regard du chercheur qui scrute cette insaisissable dans un « entre-deux », entre deux regards, entre deux ou plusieurs paroles faisant tiers, a fait apparaître des éléments théoriques fondamentaux. Ces observations se sont élaborées comme un outil méthodologique dans un troisième temps du travail de recherche.

La mise en travail des données, relative à l’observation, a cheminé comme suit :

tout d’abord l’observation des phénomènes n’avait pas de direction déterminée :

«  L’observation suppose d’aller vers le réel, pour découvrir une nouveauté au-delà de ce qui se présente sous l’apparence du déjà connu. Observer suppose une position nouvelle, en rupture avec ce qui a jusque-là orienté le regard » 1 6 ;

par la suite, progressivement ces observations sont apparues en place tierce, non impliquées dans le réseau relationnel où se laissait percevoir et même voir tout un espace, inter-intra parental – filial – équipe. Ces observations ont été un contrepoids, une technique me permettant une distanciation avec le sujet d’étude envahissant, faisant effraction, et une mise en travail du matériel recueilli lors des rencontres cliniques ;

enfin ces observations ont pu mettre en évidence le travail psychique des enfants autour de l’objet réel (peluche, tissu), dans le cadre hospitalier, comme substitut de l’objet organe-foie soulevant au-delà tout un questionnement générationnel interpellant les processus intrapsychiques et intersubjectifs sur le transmis.

Nous avons observé les interactions comportementales qui structurent la représentation de la qualité des échanges et de la cohérence de la communication entre les différents protagonistes. Ces informations nous ont amenés à repérer « les interactions affectives » et « les interactions fantasmatiques ».

Les interactions affectives font appel à ce qu'a nommé Albert Ciccone, des « transmetteurs d'affects ».

« On observe la façon dont chaque partenaire communique des affects, perçoit les affects des autres, les identifie ou cherche à les identifier, cherche à provoquer un affect chez l'autre. » 1 7

Quant aux interactions fantasmatiques, elles concernent « la manière dont chaque partenaire donne expression à des fantasmes dans l'interaction, et de manière dont les fantasmes de chacun répondent à, ou modifient, ceux de l'autre. » 1 8

Ceci nous a été rendu possible en observant l'enfant dans sa relation à l'objet. Il est animé par un conflit interne en raison de sa transplantation et l’objet devient un intermédiaire qui structure les liens d'expression à l'autre.

C’est ainsi que l’observation autour d’un objet a mis en évidence toute une organisation relationnelle centrée sur l’objet réel et fantasmatique. Nous n’irons pas plus en avant dans le développement de notre réflexion qui nous a menés à poser une quatrième sous - hypothèse exprimée dans le dernier chapitre de cette étude.

Notes
1.

6 Ciccone A. (1998), " L'observation clinique", p16.

1.

7 Ibis, p 44.

1.

8Ibis, p 45.