2-4-5 Quantification des données

Tableau F6 : Types de rencontres pratiquées pour le recueil de données
Personnes
rencontrées
Types de rencontres
Rencontres semi-directives Rencontres
à visée thérapeutique
Autres types
Enfants
Avec au moins un des parents Seul avec psy
19 14
18
5
Mère 15 15 5
Père 7 6 4
Fratrie - - 8
Grands-parents - - 3
Total : 41 36 39 25

Les rencontres semi-directives se sont déroulées autour d’un questionnement sur le vécu de T.H. Les rencontres à visée thérapeutique font état d’une élaboration psychique. Les rencontres nommées « Autres types » n’ont été qu’une ou plusieurs actions cliniques ponctuelles menées pour répondre à une demande de l’équipe face à une situation de crise immédiate pour un patient ou une famille donnée.

Reprises des données du tableau :

«  Autres types  » de rencontres pour les enfants transplantés :

Les enfants rencontrés dans le cadre d’« autres types » de rencontres correspondent à des entretiens à la demande de l’équipe médicale ou paramédicale pour intervenir face à une situation de crise de l’enfant à un moment lambda où ne pouvait alors se justifier une rencontre semi-directive. Il s’agissait d’écouter en un temps donné une situation traumatique due ou/et en lien avec les conséquences post-opératoire de T.H. Les raisons de l’exclusion de ces 5 situations dans le cadre de la recherche sont les suivantes :

  • la situation A fait référence à une jeune fille en pleine crise d’adolescence : rebellions face aux parents, place et incidence d’une T.H dans sa future vie de femme, dans sa relation amoureuse et ses aptitudes professionnelles après des absentéismes scolaires conséquents suite à la transplantation.
  • la situation B fait référence à une mère hystérique et une enfant en grande difficulté pour trouver des repères. L’enfant est en échec pour parvenir à se distancier de sa transplantation en raison d’un lien à sa mère structuré sur une relation fusionnelle et pathogène. L’enfant interpelle l’équipe de cet état de fait par des taux organiques fluctuant.
  • la situation C est similaire à la situation A ; une adolescente tente de vivre et d’exister symboliquement en tant qu’adulte transplantée et non plus en tant qu’enfant transplantée.
  • la situation D relate celle d’un garçon de 6 ans dont la transplantation dysfonctionne organiquement obligeant l’enfant à passer pratiquement une année hospitalisée. Aucune tentative de passation du protocole semi-directif n’a été proposée.
  • la situation E a été exclue du protocole de recherche pour une faible fiabilité dans les données recueillies. L’enfant étant le premier transplanté par donneur vivant, la situation a été largement médiatisée et ne permettait plus une spontanéité et une “objectivation” des faits.

«  Autres types  » de rencontres pour les mères et les pères :

Les 5 situations en dehors du cadre déterminé correspondent à des situations extrêmes de mères fragilisées par la situation traumatique et faisant apparaître des psychopathologies ou un désinvestissement parental par refus ou /et incompréhension de la T.H.

Quant aux pères, 4 sont venus sans prendre un réel contact avec l’équipe et restant très distants avec le milieu hospitalier.

A titre illustratif, nous citerons les situations suivantes : une situation F, le couple consulte pour une demande d’aide, il est réorienté au C.M.P et mettra en échec ce suivi ne supportant pas que les symptômes de l’enfant tendent à disparaître. Une situation G : une mère, ayant eu déjà deux enfants précédemment décédés des suites d’une transplantation hépatique, en lien avec une pathologie génétique, est effondrée et refuse de tenter une transplantation pour son troisième enfant atteint de la même pathologie.

«  Autres types  » de rencontres avec les fratries :

Nous avons rencontré dans 8 familles la fratrie de l’enfant transplanté. Nous avons pu dégager une grande souffrance de ces enfants qui subissent indirectement la situation traumatique de transplantation. Ceci se caractérise par une absence du couple parental au domicile et principalement de la mère pendant le temps de transplantation “donnant” une attention soutenue à l’enfant T.H en offrant alors solitude, et culpabilité aux enfants non-transplantés. La fratrie a tendance à subir l’enfant opéré dans ses “caprices” par peur d’être l’agent, cause d’une nouvelle hospitalisation d’un point de vue clinique, ils angoissent sur le fait que leur fantasme initial de mort de ce “rival” ne soit une des causes de sa maladie.

«  Autres types  » de rencontres avec les grands-parents :

Les grands-parents présents sont discrets dans leur engagement auprès des parents de l’enfant transplanté. Nous les avons rencontrés dans 3 cas parmi les 26 familles. Une grande absence des grands-parents est à noter et deux motifs s’en dégagent :

  • un refus de cet enfant malade parasitant la vie de leur propre enfant, père ou mère du transplanté, allant jusqu’à des situations extrêmes de conflictualité.
  • une attitude protectrice des parents de l’enfant transplanté à l’égard de leurs propres parents par une mise à distance qu’ils expliquent comme salvatrice.

Rencontres semi-directives et à visée thérapeutique :

La rencontre semi-directive auprès de l’enfant : ce temps où l’enfant a exprimé son vécu de transplantation s’est réalisé dans un espace souple soit en présence d’au moins un des parents dans 19 des cas sur 25 enfants rencontrés ou lors d’une rencontre duelle dans 14 situations. Cependant, la rencontre semi-directive avec l’enfant n’a pas été pratiquée majoritairement dès la première rencontre en raison du contexte et de l’âge de celui-ci. Les enfants entre 6 mois et 6 ans n’ont pas exprimé directement leur vécu de transplantation dans la majorité des cas, mais durant les rencontres semi-directives dans 18 situations.

Les mères ont été fortement disponibles et en demande de rencontres, de mise en parole de ce vécu de transplantation en présence de leur enfant ou pas. Sur 15 situations rencontrées dans le cadre des rencontres semi-directives, nous retrouvons 14 situations qui se sont prolongées par des rencontres ponctuelles (2 à 3) ou régulières (sur deux ans) comprenant au moins 6 rencontres. Ceci dénote d’une nécessité à verbaliser sur cette situation traumatique.

Pour les pères, ils restent discrets dans leur engagement. Seulement 7 pères ont été rencontrés dans le cadre du protocole semi-directif et 6 pères ont prolongé ces temps de rencontres proposés.