1- De la mythologie à la transplantation humaine

Avant de parvenir au récit de la mythologie et au mythe lui-même, nous allons redonner une définition à ces deux termes fondateurs de la pensée. La mythologie possède le pouvoir intrinsèque d'apporter une explication et une compréhension du phénomène humain en interrogeant les aspects primordiaux de la relation du sujet à lui-même.

Le terme « mythologie » tire son origine du grec muthos, signifiant fable et de logos, discours. Dans le dictionnaire général, ce mot s'applique à deux objets distincts mais cependant forts proches.

Le premier sens donné fait référence à l'ensemble des divinités et des légendes qui les concernent, et le second à la science des mythes, c'est-à-dire aux recherches consacrées à l'origine des mythes, à leur signification et à leur développement.

De même, le mythe vient de muthos, mot neutre qui renvoie à tous types de discours. Souvent, il est assimilé à des traits, des récits contant les époques fabuleuses et héroïques d'une tradition qui s'élabore et se représente.

« Le mythe est un récit qui narre, comme l’a montré M. Eliade, la venue au monde d’un objet ou d’un être. D’ordinaire, il concerne les dieux et les héros, c’est-à-dire deux types de personnages auxquels la cité antique adressait un culte. Enfin sa temporalité et son espace ne sont pas ceux du monde humain (…) le mythe est profondément lié à son mode de transmission , car il est le produit d’un fantasme ou d’une imagination collective. Même s’il est inventé, il s’inscrit toujours dans le sillage d’une tradition, se soumettant à des contraintes thématiques, à des associations obligées, à des jeux de rapports ou de contrastes sans lesquels il serait inintelligible. De surcroît, le mythe se veut outil logique au gré duquel on peut comprendre et expliquer la totalité du réel. » 3 3.

Nous retiendrons de cette citation la notion évoquée par les auteurs, où le mythe favorise la transmission, dénommée en clinique, de générationnelle, selon un principe inter ou transgénérationnel. Il se structure, non comme une histoire événementielle, en tant que telle, mais élaborée à partir d’une traduction de l’appareil psychique imaginaire ou fantasmatique. C’est en ce sens que le mythe peut œuvrer à une métaphore des processus cliniques menant du mythe à la transplantation humaine.

Par voie de conséquence, nous allons effectuer une relecture de la mythologie et rechercher les mythes qui se rapportent aux prélèvements d’organes par le geste qui pourrait être assimilé à une transplantation. Ceci pour parvenir à la fin de notre chapitre à la transplantation réelle de l'être humain. Nous retracerons les événements scientifiques qui se sont succédés pour aboutir à la transplantation d'un foie chez l'enfant et les techniques chirurgicales mises à disposition.

Brièvement, nous relaterons certaines données statistiques permettant d'appréhender le phénomène dans sa globalité chirurgicale, sociale, culturelle et familiale.

Mais laissons place, avant tout, à cette part énigmatique de la mythologie à travers les mythes de transplantations...

Notes
3.

3 Commelin., Maréchaux (1995), " Mythologie grecque romancée", p15-16.