1-4 De la greffe végétale à la transplantation animale et …

La greffe végétale, est pratiquée depuis la plus haute antiquité par les Hébreux et les Egyptiens. Jusqu’au XIIème siècle, elle porte le nom de «greife »tenant son origine du grec et représentant l’outil avec lequel était pratiquée l’opération. Le terme greffe apparaît, quant à lui, au XVIIème ; son sens signifie «la pousse d’un fragment de plante inséré dans un autre végétal  » .

Le nouveau Larousse Universel de 1948, définit la greffe comme différent de « l'autoplastie en ce que le greffon est complètement séparé de l'organisme sur lequel il a été prélevé ». Les greffes d'organes ont été surtout tentées en chirurgie expérimentale chez l'animal et les conditions de leur réussite sont encore à l'étude à cette époque.

Mais avant de relater les faits historiques prenons un court instant pour réfléchir à l'utilisation donnée aux termes, greffe et transplantation.

Préférentiellement, le terme greffe a vu son utilisation dans le règne végétal. C’est ainsi que deux significations lui sont attribuées :

Mais lorsque des raccordements de vaisseaux et de conduits naturels sont pratiqués, le terme transplantation, contenant l’action de transplanter et de greffer un organe, est appliqué préférentiellement.

De ce fait, lorsque nous abordons les prélèvements d'organes d'un animal donné à un autre animal d'une même espèce, nous employons le terme de transplantation.

Si nous revenons aux événements conduisant aux transplantations animales, la première transplantation a lieu grâce au développement et à la reconnaissance des « sciences naturelles ». En 1744, Trembley tente les expérimentations de greffes chez l’animal, en constatant, par « hasard », que deux portions de polypes « mis en contact peuvent se toucher, s’attacher, et se réunir aussi facilement que le font celles des plantes ». Les expériences se multiplient et prennent tout leur essor au XIXème siècle. Des greffes sont tentées sur pratiquement tous les tissus d’animaux. Les greffes provenant de tissus de foie, pancréas ou rate sont des échecs.

En 1869, un chirurgien genevois, Jacques Louis Reverdin, réalise les premiers succès de greffes épidermiques. Dans les autres domaines, les tentatives se succèdent, mais les échecs restent nombreux en cette fin de XIXème siècle. Cela s’explique par le manque de connaissances, entre autres, sur la technique de raccordement des vaisseaux à ceux de l’hôte pour assurer sa vascularisation. Ce qui semble acquis, c’est la technique de prélèvement par la maîtrise des pratiques de l’anesthésie, l’antisepsie, l’asepsie.

Ce tâtonnement s'est poursuivi jusqu'au milieu du XXème siècle. Seules les découvertes 4 2 médicales, anatomiques, physiologiques, pharmacologiques ont permis la grande aventure de la transplantation, technique en continuelle évolution grâce à la maîtrise de pratiques chirurgicales, aux connaissances grandissantes en pharmacologie, en physiologie, en conservation du greffon 4 3et son acceptation psychique.

Notes
4.

2 Les grandes découvertes sur la transplantation ont eu lieu principalement à Lyon. C’est ainsi qu’une transplantation nécessite pour sa réalisation optimale une anastomose vasculaire qui n’existait pas jusqu’à la fin du XIX ème siècle. C’est l’école lyonnaise, avec Mathieu Jaboulay (1860 - 1913), qui met au point la technique de structure circulaire éversante (muqueuse à muqueuse) en 1898 et Alexis Carel (1875 –1944) l’anastomose termino-terminale avec fils d’appui par triangulation en 1901. Cela valut à A. Carel le prix Nobel en 1912. Les premières application à l’homme reviennent à Jabouly en 1906 : xénogreffe d’un rein de porc au pli du coude d’une femme atteinte d’un synotome néphrotique, puis d’un rein de chèvre sur une femme. Murphy (U.S.A 1912 –1914) démontre que la réaction de rejet est le fait d’une fonction qui apparaît secondaire dans l’organisme.

4.

3 Pour la conservation des organes le pionnier fut Charles Lindbergh, le célèbre aviateur qui réalise en 1935 avec Alexis Carrel le premier appareil de perfusion d’organes mais les principaux chercheurs en sont Geoffrey Collins et Folkert Belzer. Dans les années 60, Collins développe une solution hypertonique réfrigérante à 4° : le froid ralentit le métabolisme cellulaire et diminue aussi la consommation d’oxygène, la solution hypertonique inhibe les effets de l'œdème à l’origine de l’altération du greffon par rupture lysosomiale. C’est la solution de Collins, très riche en potassium et en glucose. Au début des années 80, Belzer présente une nouvelle solution, dite UW pour University of Wisconsin, permettant une conservation pendant 18 heures du greffon hépatique.