1-1 Prométhée enchaîné

Le mythe de Prométhée fut écrit par Eschyle (525 environ à 456 avant J.C). L'intérêt de cette précision provient de la place de l’auteur, lui-même, dans l’art littéraire grec. Tel Prométhée créant l’homme dans un bloc d’argile selon la version d’Hésiode, Eschyle est, quant à lui, à l’origine de la tragédie dans le sens où il est défini à l’époque par les Grecs comme le grand poète du passé, déjà perçu par ses contemporains de l’époque comme étant archaïque 5 9.

Sept tragédies nous sont parvenues, bien que l’œuvre d’Eschyle revête une richesse intérieure, un descriptif symbolique et ouvre une lecture à plusieurs niveaux, cette œuvre tout de même en comprenait initialement quatre-vingt-dix. De cette trilogie Prométhéenne nous est parvenue seulement « Prométhée enchaîné » ayant laissé disparaître « Prométhée délivré » et « Prométhée porteur de feu ». Ceci nous prive d’une transmission littéraire et non orale relatant la fin du mythe orchestrée par un pacte de réconciliation entre Zeus et Prométhée.

L’étude de Prométhée par Eschyle retrace le périple de ce dernier le situant entre Dieux et Titans. Il apporte aux hommes le feu, les arts et les sciences. Il est victime, sans pour autant être martyr.

Les versions sont nombreuses et ne se limitent pas à la seule transcription d’Eschyle. Le génie poétique d’Eschyle a su allier mythe et tragédie. Il illustre une profonde résonance, non seulement par sa beauté intrinsèque, mais par sa valeur symbolique. Cependant, tous les auteurs s’accordent à voir en Prométhée :

‘ « L’orgueil de l’homme en présence d’une divinité oppressive ou indifférente, c’est le révolté conscient de son bon droit et de sa force, l’apôtre et le garant d’un avenir meilleur, le héros des futurs triomphes. » 6 0

La dévoration du foie par l’aigle et la notion d’immortalité sont peu abordées dans le sens métaphorique que voudrait en donner Eschyle.

Avant de vous développer ma réflexion sur ce mythe, je vais vous rappeler l’histoire merveilleuse et tragique de Prométhée vue par cet auteur.

Notes
5.

9 Eschyle a 30 ans de plus que Sophocle, 45 ans de plus qu’Euripide et 55 ans de plus que Socrate qui constituent le mouvement philosophique des sophistes.

6.

0 Degos (1994), “Les greffes d’organes ”, p 17.