2-1-2 La transmission dans l’œuvre freudienne

Nous retrouvons tout au cours de l’œuvre de S. Freud des références à la «  Transmission  » dont il amorce une élaboration théorique en évolution constante à travers chaque ouvrage.

Dans «  Totem et tabou  » en 1913, S. Freud pose dans cet ouvrage, les bases fondamentales du premier «  appareil à interpréter  » les processus psychiques sous l’angle de la transmission. Ceux-ci s’articulent autour des phénomènes de la transmission «  du tabou par contagion  » l’amenant à établir son modèle de la «  contamination  ». Ainsi le père de la horde primitive transmet le tabou. La transmission s’établit d’une génération à une autre, transmettant, de fait, la faute et la culpabilité. Cette transmission « primitive » organisée autour d’un tabou, représentant une prohibition autrefois imposée à une génération primitive, trouve deux voies d’expression :

  • une transmission par la figure de l’ancêtre représentant de la tradition et de l’autorité paternelle et sociale
  • une transmission par imitation que Freud formalisera par la notion de contagiosité du tabou.

La culpabilité du meurtre du père sert de texte de base pour expliciter la transmission d’une culpabilité que nous retrouvons à travers le mythe de Prométhée.

Ces avancées théoriques amènent S. Freud à élaborer une théorie centrée sur le narcissisme dans « Pour introduire le narcissisme » (1914). Ce miroir de son propre moi nécessaire à la construction du sujet inaugure la question de la transmission sous l’angle du narcissisme, c’est-à-dire « le sentiment de soi », « sentiment du Moi ».

Ce texte, d’une richesse extraordinaire, nous ne ferons qu’en retirer l’essence nécessaire à notre analyse sur la transmission, l’élaboration du narcissisme primaire comme modèle à penser. Le narcissisme du sujet ouvre un champ à la transmission. En nous centrant sur la transmission dans notre cadre spécifique de notre recherche, l’intérêt de la pulsion sexuelle ainsi décrit vient de la production des effets d’immortalité du Moi voué à la transmission et à la permanence du narcissisme.

Le point culminant de son étude provient de sa théorisation de la notion du narcissisme au champ de la maladie organique.

Cette souffrance physique, et donc psychique, provoque un repli du Moi des investissements libidinaux tant que la douleur existe. Le sujet se centre sur l’organe qui le préoccupe par un retrait de libido du monde extérieur.

Cette transmission du narcissisme fait appel à une transmission d’un «  idéal du Moi  ».

Dans « Vue d’ensemble des névroses de transfert   » (1915), S. Freud amorce une modélisation du processus de transmission et laisse apparaître les notions inter-transgénérationnelles en poursuivant les hypothèses de « Totem et tabou » et « Pour introduire le narcissisme ». Ceci lui permet d’engager au débat la question de la transmission du narcissisme et des névroses narcissiques.

« L’interprétation des rêves » (1900) et la question sur l’hystérie abordent la notion de transmission inconsciente par identification. De même, dans « Psychologie des masses et analyse du Moi  » (1920-21) et « le Moi et le ça » (1923), S. Freud aborde la question de l’identification du Moi et du Surmoi aux processus et aux enjeux de la transmission.

Certains auteurs se sont appuyés sur S. Freud, comme W. Bion, avec la «  fonction alpha  », et D.W Winnicott, «  la capacité de rêverie de la mère  » , pour aborder la notion de transmission positive. Depuis lors,  ce champ d’investigation, de par les modifications des prises en charge thérapeutiques de l’individuel au groupal, a amené à réinterroger de manière spécifique le modèle théorique de la Transmission dans les défaillances repérables.