2- Mère et père donneurs vivants

La rédaction de ce point théorique sur les T.H par don intrafamilial en prenant appui sur l’étude de cas des parents d’Hélène nous a amenés à nous interroger sur les processus mobilisant un tel acte. Nous avons étudié que ce don venait en réparation d’une culpabilité quelle qu’en soit l’origine et spécifique à chaque histoire de vie des parents donneurs. Mais surtout, pour accomplir une réappropriation de cet enfant et au-delà de soi-même, il était nécessaire pour ces parents de passer par un acte violent autopunitif, don vécu comme salvateur.

Cependant, il nous est apparu fondamental d’aborder spécifiquement la notion de donneur. Tout simplement car son utilisation intempestive, par le terme scientifique de transplantation par donneur vivant et l’acte qu’il représente, fait oublier la distinction et la place fondamentale qu’il faut accorder aux deux parents, donneurs physiques ou non.

Il n’en est pas moins que d’un point de vue psychologique nous avons à faire, suivant un niveau symbolique, à deux donneurs bien distincts, mais complémentaires. Nous avons déjà théorisé ce concept sous l’appellation de donneur réel, celui qui subit l’acte chirurgical de transplantation et de donneur par délégation, celui qui accompagne dans cette démarche son conjoint et son enfant.

Au niveau médical, l’utilisation du terme T.H par donneurs vivants, marquant le pluriel, exprimerait ainsi aux parents la prise en compte de leur place respective, si d’eux-mêmes, ils ne parviennent à l’élaborer.

Nous venons de voir au travers de l’étude de cas d’Hélène que l’absence d’un des donneurs dans son implication, et dans sa décision de pratiquer une transplantation par don intrafamilial, pouvait mettre en danger le devenir de la transplantation elle-même mais aussi le devenir du couple et de l’unité psychique familiale (cf. cas d’Hélène : chacun des enfants a émis à un moment le souhait d’être suivi psychologiquement), à l’opposé de la famille d’Alice où les deux parents étaient mobilisés dans la même décision à favoriser par ce don psychique salvateur et structurant une « transmission par un don psychique » organisateur pour l’unité familiale accompagnant la nouvelle représentation de celle-ci.

Nous souhaitons donc reprendre les termes suivants : la notion de parents donneurs en distinguant celle de donneur réel et de donneur par délégation. Ceci implique de reprendre la notion de donneur réel qui peut prendre deux formes : le père ou la mère se propose à donner une partie de son foie. Nous avons déjà étudié, au travers des études de cas citées précédemment (cf. Hélène et Alice), les enjeux mobilisés chez le donneur maternel ; mais qu’en est-il lorsque le père est donneur ?

A travers la vignette clinique de la famille de Maeva, nous pourrons observer à la fois l’importance de la conceptualisation de la notion de donneur réel et donneur par délégation comme fondement à l’accomplissement d’une T.H par don intrafamilial et la notion de donneur réel paternel.

Ce point théorique n’apparaît pas conceptualisé dans la sous hypothèse. Lors de notre réflexion théorique, nous avons été amenés à préciser la distinction suivante : donneur réel (père ou mère), celui qui donne une partie de son foie et donneur par délégation, celui qui accompagne le donneur réel. Ce concept nous paraît fondamental dans la compréhension du phénomène. Nous allons donc nous y attarder succinctement.