2-1-2 Père ou mère donneur 

La notion de père ou mère donneur ne possède pas la même connotation en raison de leur place et rôle qui différent l’un de l’autre. La démarche psychique n’est pas la même dans la « transmission par un don psychique», seule demeure semblable la notion de réparation par un don sacrificiel autopunitif d’une faute et/ou culpabilité qui s’origine dans une transmission générationnelle défaillante. Cette « transmission par un don psychique » est fondamentalement différente en raison de l’acte produit qui peut être assimilé sur un plan psychique et symbolique à la naissance d’un enfant, plus précisément à la re-parturition que met en scène la T.H de celui-ci. Normalement, cet acte fondateur de toute vie humaine est encore le privilège exclusif de la mère de nos jours malgré les progrès techniques.

Nous nous positionnons dans le cas de parents non pathogènes. Il est important d’aborder ce concept de père ou mère donneur en raison de la distinction et du comportement diamétralement opposé des deux protagonistes face à la T.H de leur enfant en tant que donneur réel.

Les pères sont plus distanciés en post-T.H. Ils n’ont pas à gérer une culpabilité supplémentaire celle d’être selon eux responsables de la létalité de leur enfant à la naissance. Etant dans une position de tiers, ils reprennent rapidement leur place en s’étant autorisés à vivre l’expérience de la re-parturition en donnant une partie d’eux par une cicatrice indélébile dans cette mise au monde de leur enfant.

Pour le père ou la mère donneur réel, donner une partie de son foie, c’est redonner la vie. Le foie malade de l’enfant représente l’absence de vie à court ou moyen terme et le lobe de foie offert par le parent donneur réel, représente l’apport d’une deuxième chance de vie par cette « nouvelle » naissance. Sa spécificité réside dans l’accomplissement de l’acte qui se produit par une effraction corporelle au niveau du ventre pour la mère comme pour le père. Pour la mère, cette naissance peut être mise en référence avec une césarienne, pour le père, il vit symboliquement cette transplantation comme un accouchement, nous trouvons dans la littérature le terme « d’accoucheur de foie »

Dans les transplantations rénales, un phénomène similaire est observable. Nicole Alby a analysé le phénomène dans la transplantation rénale donneur vivant apparenté :

‘« Le don est spontané, sans demande du receveur. (…) expiation du sentiment de culpabilité d’avoir donné naissance à un enfant anormal.
Enfin, fantasme de reparturition (…) deuxième naissance (pour) expier la culpabilité du couple. »170’

Nous percevons le même phénomène se dérouler pour les parents donneur réel et par délégation. Nous allons illustrer notre propos par une vignette clinique, celle de Maeva.

Notes
1.

70 Alby N. (1990), in Annales médico-psychologues vol 148 n°1.