2-3 Conclusion

Nous venons d’étudier les processus psychiques mobilisés lors d’une transplantation par un don intrafamilial que se soit le père ou la mère de l’enfant. Cette partie de foie, donnée, partagée entre deux individus le donneur et le receveur a trouvé son tiers faisant office de séparateur symbolique le donneur par délégation qui devient le garant d’une inscription symbolique dans l’histoire familiale et d’une mise à distance corporelle par sa présence dans la relation.

Nous avons pu voir toute l’importance de ce donneur par délégation qu’il serait injuste d’oublier dans notre étude car sa place même si elle demeure silencieuse n’en est pas moins primordiale car garante de l’équilibre psychique du donneur/receveur pour couper symboliquement la fusion que pourrait entraîner l’entité donneur/enfant. Le partage du don entre un donneur réel et un donneur par délégation favorise la restructuration de l’unité familiale comme nous l’observons dans la situation de Maeva malgré un contexte traumatique en post-transplantation à l’opposé d’Hélène où le donneur réel, ici la mère, prend toute la place et le non donneur n’a pu accéder à la place de donneur par délégation.

Les parents donneurs accèdent par leur acte commun à une tentative de réparation d’une défaillance générationnelle en raison de la maladie et de la létalité de leur enfant.

Le fait de donner une partie de son foie dans un acte de reparturition ne peut être vécu selon les mêmes processus si nous avons à faire à un père ou une mère, donneur réel. Pour la mère à travers la grossesse et par l’accomplissement de la naissance s’élabore comme le décrit G. Poussin :

‘« le désir (pour la mère) de prendre le bébé, de faire corps avec lui, représente la continuation de la symbiose physiologique. L’identification à l’enfant est autorisé par la régression qui favorise la répétition d’un comportement maternel conservé sous forme de traces mnésiques depuis la plus petite enfance ».7

C’est cette régression qui se reconstruit à travers la T.H qui diffère d’un donneur paternel. Cette préoccupation maternelle primaire implique pour cette dernière une très forte identification au bébé (cf. la scène où Mme H. est en position régressive suite au don pratiqué pour sa fille). Le père garde une certaine distance malgré ce don (sauf cas pathologique cf. le père de Linda) tout comme il l’a été dans une certaine distance physique et psychique dans l’accomplissement direct lors de la naissance de l’enfant.

Notes
7.

Poussin G. (1993), “Psychologie de la fonction parentale”, p. 266.