3- CONCLUSION GENERALE 

Nous nous sommes longuement attardés sur la transplantation hépatique par don intrafamilial en raison de la spécificité de la démarche parentale qu’elle produit pour l’enfant transplanté mais aussi pour l’ensemble de la famille. Il s’agit d’une implication directe et non distanciée mobilisant chacun des membres de l’entité familiale à la fois restreinte et élargie car :

« l’histoire complexe de toute famille véhicule des zones d’ombre, de refoulement, de déni, de compromis. Les liens de filiation transportent des héritages qui hypothèquent l’accès pour chaque sujet à son identité. »8.

« La transmission par un don psychique » est encore plus forte que pour la T.H par don extrafamilial car elle touche au fondement même de la transmission c’est-à-dire à l’impossible linéarité de la transmission qui doit explicitement trouver symboliquement une forme d’expression dans la transplantation de l’enfant pour permettre la survivance de l’unité familiale.

C’est ainsi que pour la mère d’Hélène par l’intermédiaire de cette naissance défaillante se met en scène les failles narcissiques d’une femme-mère : « suis-je trop vieille », la fracture du couple, la non parentalité commune pour les trois enfants.

Au niveau d’Alice, le don vient comme une forme de survie de l’unité familiale qui fonctionne sur le mode de l’emprise.

Pour le couple parental de Maeva, donner, c’est poursuivre le chemin tracé par ce frère donneur mais aussi donner, c’est être père pour cet homme dont son propre père fut trop silencieux.

Comme nous venons de l’exposer chaque membre du couple parental est mobilisé dans cet investissement et l’absence d’investissement d’un des partenaires (cf. le père d’Hélène) ou la distorsion de l’investissement sous forme pathogène (cf. Linda) peut entraîner de graves répercussions sur le couple, sur la fratrie (cf. Caïn et Mélissa). C’est ainsi que nous avons dû au cours de cette étude rajouter la notion de donneur réel et de donneur par délégation. Cette distinction nous apparaît fondamentale et fondatrice dans les modalités qui doivent permettre au couple parental de s’engager dans une telle démarche. Chacun n’est pas seul mais devrait être « porté » par la présence active de l’autre dans le déroulement de la transplantation commune de leur enfant.

Notes
8.

Duret I., “Lefebvre A. (1997), Cherche vraie famille à tout prix”, p 55 – 69.