CHAPITRE VII
LES OBJETS DANS LA TRANSMISSION PAR UN DON PSYCHIQUE AUPRES D’ENFANTS T.H

Dessin n°8 d’Ophélie
Dessin n°8 d’Ophélie

Introduction

Tout au long de cette recherche, nous avons observé et étudié que les parents mobilisaient un espace conséquent de verbalisation de leur souffrance auprès des équipes infirmières et du chercheur. Ce processus de parade, contre l’effondrement psychique, laisse peu de place à l’enfant pour s’exprimer auprès des équipes et de ses parents sur un mode approprié à son âge, à sa personnalité (verbalisation, jeux, dessins…) et à ses besoins. L’écoute de l’enfant par les adultes « s’opère » par une « centration » quasi obsessionnelle du corporel. La plainte organique émise par l’enfant ne trouve souvent que peu d’écho face à une écoute psychique parentale ; ceci a pour effet d’accentuer la plainte exprimée par l’enfant sans trouver de réponse à ses angoisses.

La parole devient silence, silence face à des parents qui prennent beaucoup de place. Les enfants sont dans un univers adulte avec des interlocuteurs adultes. Les parents, par leurs angoisses, canalisent souvent l’attention médicale, et à la fois, l’agrippement de l’enfant au parent présent ne permet pas un espace de rencontre dans un langage d’enfant.

C’est alors que nous avons recherché les moyens mis à disposition par l’enfant, dans le cadre hospitalier, pour rentrer en communication avec :

  • lui-même, par le maintien d'un objet transitionnel dépositaire des sources anxiogènes internes (en faisant revivre à l'objet ses souffrances tout en étant présent comme support de l'absence et des angoisses)
  • le psychologue, par un objet de médiation, le dessin, projection libre de la conflictualité du trauma ou dans l'écoute du vécu et la mise en scène d’objets (peluche…)
  • les autres, (parents-équipes), et inversement, par l'élaboration commune d'un objet de relation, objet à penser la situation traumatique.

Ces trois types d'objets (transitionnel, médiateur, relationnel) recouvrent des champs théoriques différents. Nous traiterons chacun séparément afin d'en conserver toute la richesse et percevoir les trois angles de la problématique de la « transmission par un don psychique » du côté de l'élaboration et de la mise en travail auprès de l'enfant transplanté, afin de traiter l’hypothèse proposée.

Pour mémoire nous avions postulé que :

A l’intérieur du cadre hospitalier, les objets « trouvés-créés » par l’enfant transplanté, tels que les objets transitionnels, de médiation et de relation, fonctionneraient comme un processus psychique spécifique à la transplantation lui permettant de mettre en travail, dans ce lieu, les modalités de « transmission par un don psychique ».

Pour qu’aucune confusion n’apparaisse dans la définition que nous accordons au terme « objet », nous allons repositionner sa fonction théorique.