Université Lumière – Lyon 2
Faculté des Langues
19 novembre 2004
JOSEPH CONRAD & BORNEO : 1895–1920
CHRONOTOPES BORNEENS DANS L’ŒUVRE DE JOSEPH CONRAD
Thèse pour l’obtention du Doctorat d’Etudes Anglophones
Composition du jury:
Mme Anne LUYAT, professeur, Université d'Avignon
M. Jean-Pierre DURIX, professeur, Université de Bourgogne
M. Claude MAISONNAT, professeur, Université Lumière-Lyon 2
Mme PACCAUD-HUGUET, professeur, directrice de la thèse, Université Lumière-Lyon 2

Résumé

Les critiques conradiens font souvent peu de cas de la topographie. De Robert Lee à John Stape, nombre d’érudits nient la pertinence des références géographiques au nom d’un allégorisme, d’un symbolisme ou d’un psychologisme plus ou moins explicite. Le point de départ de cette thèse est de remettre en question ces présupposés et d’accepter la possibilité pour l’espace et le temps, en tant que ce sont aussi des catégories littéraires, d’être essentiels dans les romans et les nouvelles de Conrad.

Dès que Conrad se réinsère ainsi dans l’espace-temps, le concept bakhtinien de chronotope devient applicable. Ce qui veut dire qu’un appareil théorique complexe et riche devient disponible. Car non seulement le chronotope réunit le temps et l’espace, mais il implique de plus une interrogation sur l’émergence du sujet, tout comme il amène à examiner les différentes voix qu’un texte donne à entendre pour une polyphonie potentielle. Le concept bakhtinien, pourvu qu’il se soutienne d’une sémiotique peircéenne et s’enrichisse de développements plus récents opérés par Lacan, couvre donc aussi bien la narratologie que la pragmatique, l’analyse que la rhétorique.

Or, Joseph Conrad est un auteur si « chronotopique » qu’une typologie de ses œuvres peut se fonder sur la localisation précise de ses décors narratifs. Parmi ces décors, Bornéo se distingue comme le lieu que Conrad n’a jamais vraiment quitté : de son premier roman (Almayer’s Folly, 1895) à son avant-dernier (du moins publié) (The Rescue, 1920), il ne cesse de revisiter l’ile. Une approche bakhtinienne ne pouvait donc qu’éclairer un tel signifiant insistant, et ainsi éclairer aussi les procédés créatifs de Conrad.

JOSEPH CONRAD AND BORNEO: 1895–1920. BORNEON CHRONOTOPES IN J. CONRAD’S WORK

Conradian critics often take no account of topography. From Robert Lee to John Stape, many scholars hold geographical references as irrelevant, shifting the emphasis on alleged allegorical, symbolic or psychological aspects. The starting point of this thesis is to question such assumptions and to accept the possibility for space and time, inasmuch as they are literary categories as well, to be essential in Conrad’s novels and short stories.

Once Conrad is re-inserted into space-time, the Bakhtinian concept of chronotope becomes applicable. Which means that a rich, complex theoretical apparatus becomes available. For chronotopes not only merge space and time, they also imply questions about the subject’s emergence, as they lead to study the various voices that can be heard in a text to form a potential polyphony. The Bakhtinian concept, provided it is backed up by a Peircean semiotics and enriched by Lacan’s more recent developments, thus encompasses narratology as well as pragmatics, psychoanalysis as well as rhetoric.

Now, Joseph Conrad proves so ‘chronotopic’ a writer that a typology of his work can be based on a thorough location of his stories setting. Among these settings, Borneo stands out as the place Conrad never really left: from his first novel (Almayer’s Folly, 1895) to the penultimate (published) one (The Rescue, 1920), he pays persistent visits to the island. A Bakhtinian approach could but shed light on such a recurring signifier, and therefore on Conrad’s creativity.

Remerciements/Acknowledgements, Sincères, et non protocolaires (in English for addressees who are not that proficient in French)

À/To :  
Joseph Conrad
  Pour le bonheur rare qu’il procure, non seulement à lire, mais à analyser ses textes. This is what kept me going.
Josiane Paccaud-Huguet
  Pour l’enthousiasme de la première heure et du premier e-mail. Pour avoir permis à une « relation dialogique » authentique de s’instaurer immédiatement.
Claude Maisonnat
  Pour avoir accepté d’emblée d’être le second juré dans cet exercice académique et pour m’avoir procuré nombre de ses articles sur Almayer.
Abdul Rahman Deen, provost of Universiti Teknologi MARA Sarawak Campus
  For allowing me to go back to France in October each year, even in the midst of the examination peak period, to everybody’s dismay.
Tan Ngo Hiong
  For checking my Mandarin and suggesting a few meanings for the phrase « Nan Shan » (see chapter 4 here).
Leniiw Roman, my beloved wife
  For opening my mind to her native Borneo, for providing me with her first-hand knowledge about Sarawak, and for supporting me throughout those head-cracking years.
Clarisse & Ghislaine, mes filles
  Pour avoir bien voulu naître pendant ces mêmes head-cracking years, et me rappeler ainsi constamment qu’il y a de la vie aussi en dehors des livres.