1.2.1 Unité textuelle dans chaque « phase »

Premièrement, grâce à ce prédicat Conrad soutient qu’il y a une unité décelable entre les textes écrits à cette époque. Or, cette unité ne se constitue pas comme un « un-entre-autres référé à ces autres, n’étant que la différence d’avec les autres » (Lacan 1973, p.181) ; elle présuppose que « (III) deux êtres que nulle propriété ne distingue comptent pour un » (Milner 1983, p.32). Elle bloque donc du même coup d’avance toute glose structuraliste, tant il est vrai que « dans un système où le discernement précède les propriétés, (III) ne saurait plus se conclure » (Ibid., p.33) : confirmation supplémentaire que la sémiotique conradienne est une sémiotique ouverte.

Sémiotique où l’unité se fonde sur l’indiscernable des propriétés, ici au nombre de six : l’unité est d’abord celle du « sujet » 39 ; c’est ensuite celle des « verbal suggestions » ; mais c’est aussi celle des « mood », « breath », « vision » et « method » (Conrad 1898c, p.601). Une telle unité est si forte qu’elle conduit l’écrivain à en développer l’idée dans un conte bref sur le stylo qui a écrit aussi bien ‘The Lagoon’ (Conrad 1897c) que An Outcast of the Islands (Conrad 1896b) : comme allégorie, l’anecdote insiste pesamment sur un point qu’il devient de facto impossible de reléguer au rang des épiphénomènes.

Notes
39.

« Subject », une notion que Conrad définira plus tard comme « a special manifestation in the life of mankind » (Conrad 1920c, p.xxviii).