Les sources orales

Il faut bien reconnaître que lorsque l’histoire s’accélère et qu’un domaine de recherche s’institutionnalise et se structure, comme c’est le cas ici, les seuls documents écrits sont loin de nous fournir toutes les clés de l’évolution du domaine. De plus, dans les cinq dernières décennies, le développement considérable des moyens de communication téléphoniques puis télématiques dans les milieux de la recherche, comme ailleurs dans la société, s’est accompagné d’une considérable altération de toute trace de ces liens plus ou moins informels qui se nouent quotidiennement entre chercheurs et qui pouvaient auparavant nous être conservés sous la forme de correspondances écrites. Nous avons donc eu recours à des sources orales que nous avons nous-même contribué à produire. C’est même un autre intérêt du choix de notre objet d’étude : le domaine ne s’est cristallisé, c’est-à-dire complexifié et accéléré, qu’à partir des années 1970. La plupart de ces acteurs sont donc encore en vie. Et ils peuvent nous aider à pallier le manque des sources écrites face à cette accélération de l’histoire et aux nouveaux moyens de communication. Nous avons donc procédé à une série de 10 entretiens assez largement non-directifs avec quelques uns des acteurs les plus engagés dans cette histoire. Parmi les sources orales, nous avons aussi utilisé quelques uns des entretiens menés avec des chercheurs de l’INRA tels qu’ils ont été publiés et mis en ligne par Jean-François Picard sur un site Internet du CNRS (Ivry/Villejuif).

Enfin, quand cela nous paraissait nécessaire et quand cela nous était possible, nous avons contacté directement par téléphone ou par courrier électronique certains des acteurs plus indirects ou plus éloignés. Nous leur avons à chaque fois demandé de témoigner de leur propre perception de certains faits ou de certains points d’histoire qui nous paraissaient obscurs. La plupart de ces acteurs ont bien voulu que l’on cite également l’existence de ces communications personnelles au cours de notre récit.