Les objets techniques

En ce qui concerne les « objets » techniques que rencontre notre histoire, il faut noter qu’ils sont très inégalement accessibles. Les ordinateurs, par exemple, dès lors qu’ils deviennent rapidement dépassés, ne sont pas conservés dans les lieux du laboratoire. Pour des raisons de compatibilité, d’encombrement et de vétusté, il n’y a le plus souvent aucune facilité pour l’historien des techniques de pouvoir voir fonctionner de nouveau des systèmes informatiques anciens avec leurs logiciels. De plus, à partir des années 1960, à cause de leur longueur notamment, les listes des programmes ne sont plus publiées dans leur intégralité. Leurs supports magnétiques sont égarés ou illisibles car effacés ou incompatibles avec les technologies nouvelles : ces listes sont perdues le plus souvent à jamais. C’est autant d’occasions en moins d’analyser des styles de programmation ou d’implémentation de modèle pour l’historien des sciences.

Cependant, avec le progrès en puissance des ordinateurs personnels, certains des derniers programmes de simulation de plantes peuvent être testés directement et on peut les voir fonctionner chez soi, notamment grâce à l’existence de versions de démonstration allégées et téléchargeables sur Internet.

En réalité, de par notre objet d’étude, la plupart des publications valent assez vite comme autant de possibilités de jeter un regard direct sur les productions de l’objet technique. En effet, comme c’est le traitement de la forme qui nous intéresse, à partir des années 1960, l’ordinateur en plus d’une machine à modéliser devient, dans ce domaine, une machine à dessiner. Or, ces graphes, ces dessins, ces copies d’écrans sont quant à eux toujours publiés et donc aisément accessibles. Si le système informatique qui les a engendrés nous demeure parfois mal connu (même si de bons musées virtuels de l’informatique se développent sur Internet), il n’en est donc pas de même pour leurs productions qu’il nous est plus aisé d’apprécier et de comparer.