Des résultats pas entièrement en cohérence avec l’objectif initial

Le résultat de la mise en œuvre inchoative de cette méthode de formalisation mathématique nouvelle est que, de façon très curieuse, on assiste à un traitement massif et en parallèle de diverses relations de statuts différents et exprimant des principes fonctionnels hétérogènes. Cependant ces principes, dans leur diversité même, aussi bien que dans leurs traitements désordonnés et en parallèle, sont finalement rendus communicants entre eux. Donc ils peuvent amener à des systèmes d’équations solubles à la main dans la mesure où les formalismes simples 338 convoqués pour exprimer chacun d’entre eux ne sont autres, du point de vue axiomatique, que des formes algébriques polynomiales.

En en restant au niveau de l’allure des courbes de dépendance entre les variables, donc au niveau des comportements moyens, Rashevsky se dote ainsi d’une formalisation qui a le bon goût de permettre ensuite une combinaison, par le calcul, de ces dépendances fonctionnelles et de franchir ainsi l’obstacle de la complexité, ce qui était bien l’objectif de l’introduction de ce troisième horizon de formalisation : s’éloigner, être un peu plus myope à l’égard des phénomènes pour pouvoir continuer à en combiner mathématiquement les expressions formelles, c’est-à-dire, tout bonnement, pour pouvoir les amener à des calculs praticables et susceptibles d’ouvrir le formalisme à la comparaison avec l’empirie. Seulement, et c’est cela qui sonne ici comme un demi-échec, ou, en tout cas, comme un inachèvement, Rashevsky rappelle que son illustration n’est valable qu’en théorie et que l’on ne devrait justement pas la confronter à des données empiriques ! Le projet initial n’est donc que très partiellement réalisé, on le voit…

Dans la suite de nos propos, il nous faut donc suivre ce qu’un de ses élèves directs, David L. Cohn, propose pour le traitement de cette représentation mathématique et pour son application effective, notamment à la suite des travaux, précédemment évoqués, qui ont été menés par Rashevsky sur les « principes formels » et fonctionnels. En effet, de façon significative en ce début des années 1950, David Cohn, en poursuivant l’entreprise d’érosion interne du mouvement de recherche théorique en biophysique de la morphogenèse, insiste particulièrement sur la nécessité d’introduire non pas tant les principes de la physique générale en biologie mathématique que « les principes de l’ingénierie ». Là est son apport. Mais qu’entend-il par là ?

Notes
338.

Simples puisque partant d’intuitions au départ seulement qualitatives sur le fonctionnement global.