Le contexte philosophique

En 1929, alors qu’il est assistant en biologie à l’Université de Londres 368 , Woodger se fait donc connaître du public anglophone par un premier ouvrage critique sur l’état jugé par lui déplorable de la biologie au regard de ce que l’on devrait attendre d’une science rationnellement et objectivement constituée : Biological Principles. Fortement impressionné par les réflexions qu’il avait entendues à Vienne mais aussi par sa lecture des premiers textes du mathématicien, logicien et philosophe Alfred North Whitehead (1861-1947) sur l’algèbre et sur la géométrie projective, comme par les Principia Mathematica que Whitehead avait fait paraître avec Russell à Cambridge entre 1910 et 1913, Woodger propose aux sciences du vivant une méthodologie rigoureuse permettant de lever l’ambiguïté et l’insignifiance de certains des termes qu’elle emploie. Ce livre lui vaut le titre de D. Sc, Doctor of Science de l’Université de Londres 369 . Woodger, tout en continuant son enseignement relativement élémentaire de physiologie et d’embryologie à destination des étudiants en médecine, poursuit ses investigations de philosophe des sciences, notamment en prenant contact avec Karl Popper qui fait paraître son Logik der Forschung à Vienne en 1934. Popper le met en rapport alors avec le logicien polonais Alfred Tarski (1901-1983). Et Woodger, dès 1935, se rend en Pologne où il rencontrera Jan Lukasiewicz (1878-1956) et Tarski. C’est donc bien sur cette lancée logiciste qu’en 1937, il publie son ouvrage clé : The axiomatic method in biology.

Entre-temps, en 1932, Woodger avait été un des co-fondateurs du Groupe de Biologie Théorique (Theoretical Biology Club) qui s’était constitué à Londres autour des idées de d’Arcy Thompson et de Whitehead sur la continuité entre sciences biologiques et sciences physiques. Il rencontrait là régulièrement les embryologistes Joseph N. Needham et Conrad H. Waddington, le physico-chimiste John D. Bernal ainsi que la mathématicienne Dorothy Wrinch 370 . C’est dans ce cadre que s’était progressivement affirmé son anti-mécanisme ou anti-réductionnisme et ce qu’il appelait son « vitalisme méthodologique » 371 . Son idée centrale en ce qui concerne les théories de la biologie était la suivante : de même que la physique quantique avait enseigné à la physique à ne plus être platement réaliste en ce qui concerne les entités ultimes de la matière, de même, la biologie théorique, sans tomber dans un pur phénoménisme ou fictionnalisme, devait s’appuyer sur différents « royaumes » de réalités en travaillant à des théories explicatives et axiomatisées qui nous montrent comment l’on passe de l’un à l’autre mais sans espérer trouver jamais un royaume de réalités fondamentales.

Dès le début du livre de 1937, de façon assez significative quoique sans doute un peu par provocation, il compare la situation de la biologie au marasme économique qui a succédé à la grande crise de 1929 et que l’Angleterre subit encore. Selon lui, comme il est des gens pour dire qu’il faudrait remplacer le « libre jeu des forces naturelles » en économie par un « système économique artificiel et planifié », il y aurait tout lieu de penser que l’instauration d’un langage artificiel « scientifiquement parfait » 372 en biologie donnerait les mêmes résultats heureux 373 . Car le langage biologique a trop pour habitude de servir des fins extra-scientifiques, émotionnelles par exemple. Un langage artificiel, formellement purifié, et que l’on pourrait soumettre au calcul neutraliserait ces velléités subjectives dommageables. C’est donc la raison principale qu’il invoque de façon liminaire pour justifier explicitement son ralliement au projet des logiciens et philosophes logicistes de l’époque, en particulier Whitehead et Carnap.

Or, rappelons d’abord que le projet commun de Whitehead et Russell (1872-1970) était initialement de montrer le fondement essentiellement logique des constructions mathématiques au moyen de la méthode axiomatique. Pour eux, il s’agissait surtout de contrer les arguments des intuitionnistes qui commençaient à multiplier leurs attaques comme autant de réactions de rejet face au déploiement des techniques mathématiques formalistes. Dans les Principia Mathematica, grâce à une notation très formelle et épurée, et en remplaçant la forme logique sujet-prédicat par le calcul des prédicats au moyen de quantificateurs et d’opérateurs logiques (ou foncteurs) 374 , ils montraient comment construire les axiomes de la théorie des ensembles, et, par extension croyaient-ils, la totalité des langues scientifiques bien formées 375 . Ainsi en généralisant le recours à des fonctions propositionnelles 376 et en restreignant l’emploi des arguments de ces fonctions à un certain type d’entre eux 377 , ils parvenaient d’une part à rendre logiquement manipulables les symboles de nombres infinis alors même que les intuitionnistes (dont le mathématicien L. J. Brouwer 378 ) en contestaient la possibilité, et d’autre part, à purifier la théorie des ensembles des paradoxes engendrés par l’autoréférence 379 , comme ils se manifestent par exemple dans la situation où la phrase « tous les Crétois sont menteurs » est prononcée par Épiménide le Crétois 380 . Ce faisant, Whitehead et Russell avaient manifesté l’idée que pour construire un savoir rigoureux, on devait peu ou prou parvenir à axiomatiser ce savoir 381 . Dès avant sa lecture des Principia,Woodger avait partagé ce point de vue déjà ancien chez Whitehead. Mais une autre option philosophique sous-jacente transparaissait dans le travail commun de 1910 : ce que l’historien de la philosophie analytique Peter Hilton a appelé l’« atomisme platonicien » 382 du premier Russell. Selon cette perspective à la fois philosophique et épistémologique, et conçue au départ comme une arme de combat tournée contre les néo-hégéliens anglais, le monde est composé de concepts atomiques mais aussi de relations entre ces concepts atomiques, tout aussi réelles et irréductibles qu’eux 383 .

Or, c’est bien cette sorte de réalisme de la relation logique qui fait une forte impression sur le biologiste et morphologiste qu’est alors Woodger. C’est là qu’il aperçoit la possibilité de transférer à la biologie le mode de présentation logiciste, jusque là essentiellement appliqué aux théories mathématiques (algèbre et arithmétique). Dans son livre de 1929, il exprime cependant son pessimisme à l’égard de l’éventualité de voir bientôt ses collègues mettre en œuvre un tel dispositif formel en biologie. Il fustige donc la formation des biologistes trop axée sur la pratique expérimentale et insuffisamment tournée vers la réflexion et la purification des termes servant à la théorie 384 . Ainsi, selon lui, le recours fantaisiste et hâtif à une terminologie finaliste ou téléologique, comme à une terminologie platement mécaniste 385 , par exemple, trahit la volonté des biologistes de réduire leur domaine d’étude à autre chose que lui, mais sans avoir auparavant tenu sérieusement compte des relations tout à la fois formelles et réelles que leur objet manifeste pourtant dans toutes ces formes que l’on dit organisées ou organiques. Le relationnisme lui apparaît une bonne façon de s’extraire par le haut de l’opposition séculaire entre mécanisme et finalisme. C’est donc ce projet d’une axiomatisation de la biologie, comprise comme étant au service d’une valorisation de la nature jugée essentiellement relationnelle du substrat biologique, qu’il décide d’ébaucher lui-même dans son livre très spéculatif de 1937.

À ce sujet, on ne peut certes sous-estimer par ailleurs l’influence que les idées de Waddington sur le rapport de complémentarité entre génétique et embryologie doivent avoir sur lui 386 . Mais il est également certain, à le lire, que ce n’est pas seulement le Whitehead des Principia qui peut l’inciter à tenter audacieusement de transférer en biologie la méthode axiomatique et logiciste des sciences formelles. Car il ne faut pas oublier que Whitehead, de son côté, se détache rapidement de l’atomisme platonicien du premier Russell 387 . C’est ce dont témoigne les thèses inspirées et délibérément intuitives de Process and Reality (1929). Sa philosophie de l’organisme, en germe dans ses premiers ouvrages scientifiques (que Woodger a lus et cite 388 ), enseigne à percevoir le monde à la manière d’un ensemble de processus morphogénétiques où le devenir des atomes de réalité éphémères le dispute au périr et à l’immortalisation par « concrescence ». Le terme de « concrescence » (croissance solidaire) rend compte du fait que les nécessaires devenir et périr de chaque atome de réalité engagent en même temps sa conservation, mais sous une autre forme, de par l’instauration processuelle d’une solidarité cosmique. Ce qui permet l’immortalisation (relative) de cet atome, ou de tout instant fugace de notre vie dans son périr même, provient du fait que l’évanouissement de cette individualité ne peut se faire qu’au profit d’une participation évanouissante aux autres unités en devenir (« ingression »). Il est donc essentiel de comprendre que, si la méthode logiciste, au langage atomisé et atomisant, peut s’appliquer en effet dans toutes les sciences de la nature pour Whitehead, ce n’est pas parce que la nature est constituée d’atomes ultimes 389 . En ce sens, chaque symbole du langage logiciste n’a pas à référer individuellement à un « concept » réaliste au sens du premier Russell 390 . Whitehead n’est pas un réaliste atomiste en ce sens. Puisqu’il conçoit l’univers dans une perspective de « morphologie cosmologique » 391 , il est en effet nécessaire que les symboles atomiques qui, dans les sciences formalisées et axiomatisées, nous servent à imiter le jeu processuel des régions de l’univers soient individuellement dépourvus de signification 392 . Pour Whitehead, l’intérêt essentiel de la logistique, ce n’est pas son réalisme, c’est au contraire sa possibilité de ménager une zone d’ombre dans le symbole. De façon salutaire, l’axiomatisation logiciste empêche le scientifique de prétendre tout indiquer de la créativité insondable de chaque processus individuel. La méthode logiciste en ne donnant pas de sens à ses symboles pris séparément mais seulement à leurs relations mutuelles dans des fonctions propositionnelles préserve donc mieux la nature processuelle et durablement insondable des « atomes » éphémères de réalité. Or, c’est cet ensemble de relations logiques que Whitehead appelle la « morphologie » 393 . Selon nous, ce déplacement dans l’interprétation et la valeur de la méthode de l’atomisme logique comme cette redéfinition de la morphologie sont, plus qu’autre chose encore, ce qui permet à Woodger de penser à utiliser prioritairement la méthode des Principia en biologie et en embryologie.

Notes
368.

Il enseigne alors la physiologie générale et la morphologie à des étudiants en médecine.

369.

[Gregg, J. R et Harris, F. T. C., 1964], p. 4.

370.

Ce groupe se réunissait régulièrement le week-end à Oxford ou Cambridge ou bien encore dans un cottage du Norfolk. D'après [Gregg, J. R et Harris, F. T. C., 1964] ( p. 5), s’y retrouvaient fréquemment J. H. Woodger, Joseph et Dorothy Needham, J. D. Bernal, Conrad. H. Waddington, P. B. Medawar, W. F. Floyd, Dorothy Wrinch et L. L. Whyte.

371.

[Roll-Hansen, N., 1984], p. 420.

372.

“Just as many people believe that our present economic difficulties could be avoided by the substitution of a planned artificial economic system for our present natural one, guided only by the ‘free play of natural forces’, so there is a reason to hope for corresponding improvements from the substitution of a planned artificial language for our present natural one, which serves emotional as well as scientific ends and possesses a syntax which renders it unfitted for purposes of calculation”, [Woodger, J. H., 1937], p. viii.

373.

Ce qui est donc une manière à peine allusive d’assimiler directement le travail d’axiomatisation de la biologie à une politique de planification socialiste de l’économie. Par cette analogie, Woodger se présente lui-même comme assez favorable à cette solution politique de mise à plat et de planification de l’économie. Cette consonance (inattendue) entre le politique et l’épistémologique joue donc pour lui un rôle apparemment essentiel pour la légitimation de son projet épistémologique et scientifique. Pour lui, le politique pourrait servir de modèle à l’épistémologique.

374.

Méthode auparavant introduite par la mathématicien et logicien allemand Gottlob Frege (1848-1925). Voir [Jacob, P., 1980], p. 19.

375.

Au sujet des sciences formelles comme les mathématiques, Whitehead et Russell écrivent : “The adaptation of the rules of the symbolism to the processes of deduction aids the intuition in regions too abstract for the imagination readily to present to the mind the true relation between the ideas employed […] And thus the mind is finally led to construct trains of reasoning in regions of thought in which the imagination would be entirely unable to sustain itself without symbolic help.”, [Whitehead, A. N. et Russell, B., 1910, 1962, 1970], Introduction, p. 2. Autrement dit, la symbolique permet d’abord et avant tout de pallier la faiblesse de notre représentation imagée quand les idées sont trop abstraites, comme il arrive en mathématique. C’est bien l’objet principal des Principia.Mais dans la suite du texte, les auteurs suggèrent une extension de l’usage de la symbolique aux « régions de pensée dont on suppose qu’elles ne peuvent être amenées au traitement mathématique » : ”In proportion as the imagination works easily in any region of thought, symbolism (except for the express purposes of analysis) becomes only necessary as a convenient shorthand writing to register results obtained without its help. It is a subsidiary object of this work to show that, with the aid of symbolism, deductive reasoning can be extended to regions of thought not usually supposed amenable to mathematical treatment. And until the ideas of such branches of knowledge have become more familiar, the detailed type of reasoning, which is also required for the analysis of the steps, is appropriate to the investigation of the general truths concerning these subjects”, [Whitehead, A. N. et Russell, B., 1910, 1962, 1970], Introduction, p. 3. Autrement dit, dans les sciences non fondées sur une analysabilité logique ultime des objets d’étude, le symbolisme peut également servir. Mais il n’a pas alors de rôle analytique mais seulement un rôle d’écriture abrégée et d’enregistrement (register) des résultats. Ces résultats sont eux-mêmes en attente d’être analysés par des moyens autres, appropriés à la région que vise cette science. La symbolique peut donc servir aussi à synthétiser et combiner des idées d’objets eux-mêmes non encore complètement élucidés. Mais, dans ce dernier cas, la combinaison de symboles n’imite encore qu’un raisonnement (reasoning), alors que dans son règlement du problème du fondement des mathématiques, elle imite une essence logique totalement élucidée (ou supposée telle par les auteurs). Alors que l’usage synthétique de la symbolique est plutôt cognitif, son usage analytique est réalistique puisqu’il vise des réalités logiques ultimes. Selon nous, il y a dans cette distinction majeure une des sources de l’acceptabilité nouvelle des « modèles » formels dans les sciences non formelles au tournant du siècle.

376.

Une fonction propositionnelle, au sens de Russell, est une fonction de prédication qui sous la forme d’une fonction logique à valeur de vérité remplace le schéma classique sujet-prédicat pour toute proposition. Sur la genèse de cette notion chez Russell, voir [Jacob, P., 1980], chapitre I, notamment pp. 49 et 71.

377.

En fait, il s’agit de « types » de classes d’arguments ou de variables. Voir dans les Principia [Whitehead, A. N. et Russell, B., 1910, 1962, 1970], Introduction, chapter II, §§ IV-V, pp. 47-55.

378.

Cité dans [Whitehead, A. N. et Russell, B., 1910, 1962, 1970], Introduction to the Second Edition, p. xlvi.

379.

”An analysis of the paradoxes to be avoided shows that they all result from a certain kind of vicious circle”, [Whitehead, A. N. et Russell, B., 1910, 1962, 1970], Introduction, chapter II, §I, p. 37. Le plus connu de ces paradoxes est celui qui porte sur la définition de l’« ensemble de tous les ensembles qui ne se contiennent pas eux-mêmes » : s’il se contient lui-même, il ne se contient pas lui-même, s’il ne se contient pas lui-même, il se contient lui-même.

380.

[Whitehead, A. N. et Russell, B., 1910, 1962, 1970], Introduction, chapter II, §III, p. 46.

381.

De son côté, Whitehead était parvenu à cette idée par ses travaux préalables sur une algèbre universelle et sur la géométrie projective (1898 et 1906). Dans cette dernière, avec la mise en évidence du principe de dualité, il apparaissait nettement et depuis une quarantaine d’année que ce qui devait finalement demeurer d’essentiel dans les axiomes était les relations formelles entre les termes préalablement définis. Voir [Weyl, H., 1949, 1963], p. 26.

382.

Dans son PhD intitulé “Origins of Analytical Philosophy”, soutenu à Harvard en 1978, non publié, et cité par [Jacob, P., 1980], p. 37.

383.

[Jacob, P., 1980], p. 41 et p. 71.

384.

[Woodger, J. H., 1937], p. viii.

385.

Il renvoie donc mécanistes et finalistes dos à dos dans une perspective proche de l’organicisme.

386.

L’historien des sciences Scott F. Gilbert rappelle ainsi qu’en 1940, dans « Organisers and Genes », l’embryologiste Waddington tâchera, dans un esprit proche là encore de la vision philosophique unificatrice de Alfred North Whitehead, d’identifier l’« organisateur » de l’embryologiste avec le « gène » du généticien : les deux découvrant deux aspects partiels mais complémentaires d’un même phénomène de développement organique. Ainsi le noyau cellulaire (domaine de prédilection des généticiens) et le cytoplasme (domaine de prédilection des embryologistes) sont conçus comme des « partenaires en interaction », [Gilbert, S. F., 1988], p. 338. Cela permet à Waddington d’affirmer que ces deux approches partielles devaient être elles-mêmes couronnées ou complétées par une « théorie cohérente du développement » (selon les termes mêmes de Waddington, ibid.) encore à construire. Le caractère relationnel de l’organisation du développement apparaît ainsi essentiel à ses yeux. Assez naturellement, Woodger adopte cet aspect des idées de son collègue car il vient confirmer sa propre vision, même si lui-même ne peut s’autoriser d’une pratique expérimentale soutenue parce qu’il n’est pas un praticien éminent de l’embryologie, au contraire de Waddington.

387.

Voir [Saint-Sernin, B., 2000], p. 33. Pour ce passage, nous nous aidons des analyses éclairantes de Bertrand Saint-Sernin parues dans cet ouvrage.

388.

Même s’il ne le cite pas en revanche (peut-être parce que c’est explicitement un ouvrage de philosophie), Woodger a probablement lu Process and Reality, paru huit ans avant son livre. Cela est d’autant plus probable que, même si Whitehead était alors aux Etats-Unis où il enseignait à Harvard, Process and Reality était paru conjointement aux Etats-Unis et en Angleterre en 1929. On sait, par ailleurs, que sa philosophie est couramment débattue dans le cadre du Groupe de Biologie Théorique. Voir [Roll-Hansen, N., 1984], p. 417.

389.

« La philosophie de l’organisme [de Whitehead] refuse de substantifier l’ultime : ce qui est ultime, c’est le ‘procès’ », [Saint-Sernin, B., 2000], p. 36.

390.

[Jacob, P., 1980], pp. 41 et 43.

391.

[Saint-Sernin, B., 2000], p. 51. « Or, que ce soit en physique, en biologie ou ailleurs, la morphologie, au sens de l’analyse des relations logiques, constitue le premier stade du savoir. C’est là la base de la nouvelle méthode ‘mathématique’ que Descartes a introduite. La morphologie traite des propositions analytiques, comme les appelle Kant. Par exemple, Locke écrit : ‘Le nom commun des substances, tout comme les autres termes généraux, représentent les espèces : ce qui n’est rien d’autre que le fait de transformer en signes les idées complexes dans lesquelles plusieurs substances particulières s’accordent ou pourraient s’accorder, en vertu de quoi elles sont capables d’être comprises dans une conception commune, et d’être signifiées par un seul nom », [Whitehead, A. N., 1929, 1995], p. 241. C’est Whitehead qui souligne. Autrement dit, pour Whitehead, la morphologie n’est pas autre chose qu’une science des formes logiques, c’est-à-dire originairement, une science des formes affectant les langages, d’abord naturels puis artificiels, avec la symbolique. La science des formes est réduite chez lui à la science du langage entendu comme combinaison des signes, les signes ayant eux-mêmes pour vocation de représenter simplement des idées complexes. Avec lui, toute morphologie devient donc la morphologie d’un discours et des relations qui s’y énoncent.

392.

[Saint-Sernin, B., 2000], p. 33.

393.

[Whitehead, A. N., 1929, 1995], p. 241.