Chapitre 14 – Thermodynamique et topologie différentielle des formes

Alors que de son côté, la biophysique théorique qui, naguère s’était occupée de la morphogenèse, fuit vers l’abstraction pour sa propre sauvegarde, et donc renonce de fait à traiter la mise en forme spatialisée et hétérogène des parties d’un être vivant, la place est libre pour qu’une autre réaction, cette fois-ci plus physicaliste se dresse devant la méthode dispersée des modèles et des simulations déracinées. Ces tentatives de réunifier les formalismes de la morphogenèse vont se faire au nom d’un substrat revendiqué comme commun mais dont le statut reste en fait un peu flou, voire fantomatique. L’appel à des concepts retravaillés et issus de la thermodynamique récente, ou même directement de l’intuition sensible (le continuum du réel pour Thom), est ce qui fait leur noyau propre. Nous verrons ici comment elles se sont toutes structurées, chacune encore une fois dans un souci de surplomb et d’unification des systèmes physico-chimiques et des systèmes biologiques. Cela a été leur réponse à l’éclatement et à la dispersion accrue des modèles sous l’effet de l’émergence de l’ordinateur.