Une « large autonomie locale »

Dans l’esprit de ses fondateurs, c’est assez paradoxalement grâce au pouvoir centralisateur nouvellement accru de sa tutelle nationale directe (l’ORSTOM) que le service « Café-Cacao-Thé » devait jouir d’une « large autonomie locale ». En 1957, dans le premier numéro de la revue Café, Cacao, Thé, le directeur de l’ORSTOM, Jean-Jacques Juglas, s’exprime en effet ainsi : 

‘« Deux caractères distinguent [le service spécialisé Café-Cacao-Thé »] : tout d’abord large autonomie locale, son activité sur place étant orientée et contrôlée par des Conseils Techniques auxquels participent tous ceux, planteurs, négociants-exportateurs, services techniques qui dans les territoires sont intéressés à ces trois produits. En second lieu, liaison étroite par le Conseil de Spécialité d’une part avec la Fédération Nationale des producteurs de Café et de Cacao, d’autre part avec les Industriels, torréfacteurs et chocolatiers, cependant qu’à cet échelon supérieur les Conseils Techniques locaux détachent des délégués. » 1440

C’est donc cette structure dotée de conseils techniques locaux interdisciplinaires qui devait assurer l’adaptation des problématiques de recherche aux conditions locales. Avec ce fonctionnement, il était statutairement entendu que la conception de solutions scientifiques et techniques devait se trouver fortement en prise avec les conditions locales de production tant économiques que climatologiques : il n’y a pas d’amélioration des plantes en soi mais toujours pour un usage donné et dans un contexte donné. La structure administrative de la recherche agronomique, plus précisément des instances locales auprès desquelles les ingénieurs et techniciens devaient rendre des comptes, était en quelque sorte calquée sur la nécessaire diversité et interdisciplinarité des approches d’amélioration des plantes et des rendements. C’est à ce besoin que répondait le premier échelon des conseils techniques. Mais, comme l’indiquent les propos précédents, un deuxième niveau de fonctionnement veillait de surcroît à la communication plus globale de l’information et des ressources propres aux conseils locaux. Ces conseils techniques ont donc eux-mêmes à rendre des comptes à un niveau national et selon leur spécialité.

Notes
1440.

[Juglas, J.-J., 1957], p. 3.