La perspective du marché commun : accroître la compétitivité des produits nationaux

Par ailleurs, il se trouva que les agronomes purent être entendus et exaucés justement en 1957 parce qu’un argument nouveau, d’ordre politique celui-ci, pesait tout aussi considérablement en leur faveur : l’entrée de la France dans le marché commun. En 1958, René Coste, devenu entre-temps le premier directeur général de l’IFCC, s’exprimait en effet ainsi :

‘« [L’importance d’une production de qualité] est encore renforcée avec la perspective de l’entrée, très prochaine, de l’Union Française dans le marché commun, car tout devra être mis en œuvre par les exploitants, dans les années de transition, pour abaisser leur prix de revient à des niveaux compétitifs sur les grands marchés des partenaires européens. » 1441

La perspective raisonnable de pouvoir augmenter, grâce à une recherche scientifique soutenue, le rendement d’une matière première dont les cours mondiaux étaient en même temps élevés, doublée du nouvel enjeu européen a donc incité à la création de l’IFCC comme entité autonome, ainsi qu’à la définition précise de sa mission : l’amélioration des plantes pour l’agronomie et le développement, en particulier celle du café. Un des objectifs affichés était bien évidemment de faire acheter par les pays du marché commun davantage de café venant des colonies françaises, aux dépens des cafés sud-américains, entre autres.

En outre, il y avait un grand déficit de connaissance concernant les variétés de cafés cultivées en Afrique. Car les quelques connaissances agronomiques que l’on possédait sur le café étaient pour l’essentiel dues à des agronomes néerlandais de Java, Sumatra et à des agronomes brésiliens. Et elles concernaient avant tout les cafés Arabica et non la variété Robusta qui se prête pourtant mieux à l’environnement de la Côte-d’Ivoire. Le programme d’amélioration des plantes tropicales dans les colonies françaises présentait donc tous les éléments lui permettant de passer a priori pour un défrichement initial prometteur et dont on pouvait espérer de rapides retombées scientifiques, techniques et économiques.

Notes
1441.

[Coste, R., 1958], p. 67.