La recherche de modèles qui visent à améliorer le contrôle et la prévision de la fructification des caféiers doit se poursuivre. En effet leur rendement n’est pas entièrement explicité par la fertilité de leurs fleurs. Jusque là, le projet d’observer et de modéliser le détail de la production de fruit n’a connu que son commencement avec le choix de réifier en quelque sorte la probabilité pour en faire un caractère génétique observable et quantifiable. Selon de Reffye, il faut désormais passer de la synthèse de la graine à la synthèse du caféier en son entier. Rappelons-le en effet, la « fertilité » d’un arbre telle qu’il l’a définie n’est que le pourcentage de transformation de ses ovules en graines. Or, il existe un deuxième facteur qui détermine la production en grains de café d’un arbre : il s’agit de la « capacité de production » des fleurs elles-mêmes par arbre. Voyons en quoi ce nouveau problème diffère de celui que de Reffye s’était posé précédemment et qu’il avait résolu pour la thèse de troisième cycle. C’est lui qui le mènera aux premiers modèles d’arbres complets.
Comme l’indique de Reffye, on peut décomposer le rendement en grains de café par hectare de la façon suivante :
‘« Rendement = nbre d’arbres/ha * nbre de fruits/arbre * nbre de graines/fruit. » 1501 ’À ses yeux, en cette année 1976, il se confirme donc que le problème du rendement en café semble pouvoir s’éclaircir à condition que l’on n’adopte pas d’emblée une approche d’optimisation globale et par le haut, comme il l’avait lui-même tentée dans le premier article de 1974. Au contraire, il lui apparaît désormais clairement nécessaire de découper, plus précisément de fractionner, le processus de production de graines en ses différentes phases biologiques successives.
Or, dans la composition de l’équation précédente, deux facteurs sur trois sont déjà connus ou assez aisément connaissables. Le nombre d’arbres par hectare est connu, stable et contrôlé. Il dépend des choix raisonnés de l’arboriculteur. Le nombre de graines par fruit, pour sa part, peut être prévu par les modèles probabilistes binomiaux propres à chaque clone, ou à chaque hybride, en vertu des travaux antérieurs de de Reffye, précisément ceux de la thèse de troisième cycle. Mais ce qui reste très difficile à évaluer est le nombre de fruits (ou de fleurs) par arbre. C’est ce que l’on appelle encore la « capacité de production ». Or, ce facteur ne semble pas pouvoir être synthétisé directement selon des scénarios élémentaires de modélisation comme ce fut le cas pour la fertilité. C’est bien là que de Reffye va se trouver confronté à des difficultés inédites :
‘« Les nombreuses variables qui entrent dans la capacité de production rendent son analyse particulièrement complexe. » 1502 ’Quelles sont les raisons pour lesquelles de Reffye voit en la « capacité de production » un facteur biologique éminemment « complexe » ? Pour comprendre ce changement, il faut éclairer la manière dont il interprète les écueils rencontrés par les approches antérieures.
[Reffye (de), Ph. et Snoeck, J., 1976], p. 11.
[Reffye (de), Ph. et Snoeck, J., 1976], p. 11.