Deux conditions pour « simuler »

Finalement, jusqu’à ce second article de 1976 sur la mécanique du caféier y compris, nous voyons que de Reffye considère que l’on a affaire à une simulation sur calculateur à deux conditions. D’une part, on peut dire que l’on « simule » sur calculateur à partir du moment où un modèle logico-mathématique conçu de façon fractionnée est le soubassement de computations numériques. D’autre part, il y a simulation selon lui si l’on a la capacité de visualiser les résultats de ces computations. Dès lors, le résultat visuel que présentent la machine et sa table traçante ressemble sensiblement au phénomène perçu par nos propres moyens perceptifs et à notre échelle : à bon droit il peut être dit le feindre, le simuler.

Il est un autre point à noter. De Reffye a produit ces travaux dans un grand isolement. Il ne cite pas alors les travaux de Dan Cohen ou de Honda même si ces derniers avaient déjà proposé leurs approches géométriques et graphiques de la simulation pour les formes ramifiées. Il n’est donc aucunement influencé par eux. De fait, il dispose d’un matériel informatique bien moins performant : il n’aurait pu prolonger leur travail tout à fait dans la même direction. À la différence de Cohen et Honda, de Reffye met de surcroît l’accent dès le départ sur les caractères morphologiques importants pour l’agronomie que sont les nœuds : ce n’est pas l’aspect visuel esthétique pour un argument théorique qui l’intéresse, mais ce qu’il veut, c’est arriver à une quantification précise du nombre de nœuds fructifères. Ainsi, il est obligé de mobiliser une connaissance botanique bien plus précise que Cohen et Honda.

Dans les travaux qui vont suivre, aux deux premières conditions déterminant l’usage du terme « simulation » d’ores et déjà choisies par de Reffye (fragmentation, visualisation graphique) vont se joindre d’autres conditions qui régulent depuis plus longtemps déjà l’usage de ce même terme dans d’autres domaines (mais elles apparaissaient aussi déjà chez Eden et Cohen). Dans le cadre d’une nouvelle problématique agronomique, la recherche opérationnelle va ainsi de nouveau inspirer l’agronome par une de ses autres autres méthodes de mathématiques descriptives : la simulation probabiliste.