Chapitre 24 -Premières simulations probabilistes : les travaux parallèles sur le cacaoyer (1976-1981)

Par la suite, de Reffye mènera en effet différents travaux en collaboration avec d’autres chercheurs de l’IFCC ou de l’ORSTOM. Comme sa compétence mathématique et informatique commence à être reconnue depuis ses premiers pas dans la modélisation de la croissance du caféier, ses collègues les plus proches trouvent à l’employer sur des problèmes, jugés voisins, de modélisation de rendement. Si bien qu’il ne passe jamais plus des deux tiers de son temps à la préparation de sa thèse d’Etat. Pendant ces quatre années qui le mèneront à la soutenance, un gros tiers de son travail est consacré soit à des études d’équilibres biologiques, soit à des problèmes de fertilisation des fleurs du cacaoyer ou du kolatier 1559 . Ce sont les recherches sur le cacaoyer qui vont l’occuper le plus, en parallèle de son travail de thèse. La véritable nouveauté des travaux des années 1977-1978 va consister pour lui à se laisser à nouveau inspirer par les solutions mathématiques de la recherche opérationnelle, comme dans la première solution avortée de 1974, mais sans en revenir pour autant à la recherche d’un optimum. L’approche par dissociation de processus et par couplage informatique de sous-modèles, développée avec succès dans le modèle de 1976, sera de son côté maintenue pour sa puissance et sa précision. Mais de Reffye, même s’il n’y renonce pas tout à fait, ne cherchera plus systématiquement et en priorité à faire que ces sous-modèles soient des modèles mathématiques certains. Sur ce point précis de l’évolution de ses solutions techniques et de ses idées, nous pensons que c’est le problème spécifique aux cacaoyers qui l’a d’abord et progressivement incité à se proposer des modèles aléatoires tirés de la recherche opérationnelle et qu’il développera seulement ensuite pour le caféier, dans le cadre de sa thèse de 1979. Car, en 1977, le problème que pose le rendement du cacaoyer n’est clairement pas de même nature que celui du caféier. Ce n’est pas le même type de phénomène que l’on doit essayer de représenter mathématiquement. L’aléa y intervient de façon décisive. Nous allons rapporter ici les jalons essentiels de cette modélisation du cacaoyer de manière à comprendre les conditions dans lesquelles de Reffye sera amené à intégrer ensuite la simulation de type Monte-Carlo dans ses premières simulations de morphogenèse d’arbres. C’est en effet cette dernière intégration de formalisme qui le conduira à la conception du premier simulateur universel d’architecture d’arbres.

Notes
1559.

Nous tirons cette information de notre entretien avec Philippe de Reffye [Reffye (de), Ph., Varenne, F, 2001].