Chapitre 25 – Les applications des simulations fractionnées (1977 – 1981)

Par la suite, alors même qu’il poursuit son propre travail de recherche sur l’architecture et la croissance du caféier, de Reffye ne va pas cesser de collaborer avec J.-P. Parvais et quelques autres collègues sur cette question de la pollinisation du cacaoyer. Pas plus qu’il ne va cesser de travailler sur le caféier avec le nouveau chef de la Division d’agronomie de l’IFCC en Côte-d’Ivoire, qui n’est autre que J. Snoeck et dont on a vu qu’il avait laissé entre-temps sa place de chef de la Division de génétique à J. Capot. Sachant cela, il ne nous est pas possible de rendre compte d’une façon strictement chronologique de ces trois séries de travaux que de Reffye mènent continûment et en parallèle à partir de 1977. Comme nous le verrons toutefois, de par un usage qui deviendra systématique de la simulation de « représentation » notamment dû à une nette inflexion des problématiques agronomiques de de Reffye vers la botanique, il est manifeste que la thèse de 1979 va marquer une rupture supplémentaire dans les méthodes traditionnelles de la biométrie par rapport aux travaux antérieurs et contemporains que nous avons commencé à présenter. Alors même que de Reffye poursuivra une recherche plus fondamentale sur la modélisation et la représentation idoine du caféier d’un point de vue botanique, il sera cependant constamment happé par d’autres travaux dont la philosophie restera celle qu’il leur avait imprimé à leurs débuts.

En un sens donc, si ces travaux de 1977-1981, qu’il effectue en constante collaboration avec ses collègues, sont encore bien principalement fondés sur ses propositions conceptuelles et techniques, ils correspondent toutefois à un certain usage du calculateur qui n’était déjà plus vraiment le sien au regard de ses travaux de thèse soutenus en 1979. C’est la raison pour laquelle nous exposerons ici, pour finir sur cette période ivoirienne, les développements qu’ont connu ses premiers travaux sur le cacaoyer puis sur le caféier (à partir du modèle de 1976) quand bien même ils seraient intervenus pendant, voire après, son travail de thèse, c’est-à-dire jusqu’à son départ de Côte-d’Ivoire, en 1981. Ils constitueront en effet davantage des prolongements à partir des problématiques agronomiques et des modèles déjà existants en 1976 que des innovations techniques ou méthodologiques proprement dites. Nous nous permettrons donc ici une petite entorse à la chronologie. Et, pour la commodité de l’exposé comme pour la compréhension historique qui en résultera, à condition que l’on n’oublie pas la contemporanéité de ces différentes recherches qui seront successivement exposées, nous choisirons de valoriser pour un temps la différence d’esprit qui commence à s’accuser fortement, à partir de 1978, entre ces diverses tâches qui incombaient à l’ingénieur et au chercheur qu’était tout à la fois de Reffye. Après quoi, dans les chapitres suivants, nous reviendrons sur la substance même du travail de la thèse d’Etat commencé pour sa part en 1977 et dont nous avons dit qu’il marquait une rupture, mais sans nier les parentés et les continuités qu’on lui verra avec les recherches antérieures.

Entre 1978 et 1980 donc, les travaux de modélisation de de Reffye qui avaient précédé cette période vont connaître des prolongements tant au niveau de la pollinisation du cacaoyer que du côté de la fructification du caféier. Du point de vue de l’histoire des techniques et des sciences, la première question qu’il est pertinent de se poser à leur égard est celle de savoir si cette nouvelle approche par modélisation fractionnée et simulée présentait véritablement les avantages qu’elle prétendait avoir, notamment au vu des conclusions optimistes, voire passablement triomphalistes, des articles successifs de 1976, 1977 et 1978. La seconde question est celle de l’impact de ces travaux dans les recherches de ses collègues : comment furent-ils reçus ? Comment furent-ils effectivement utilisés ? Afin de pouvoir en décider sur ces questions, il nous faut rendre compte des problématiques scientifiques et des solutions techniques qui sont intervenues rapidement dans le cadre de prolongements précis ou d’applications étendues.