Diversité des applications réalisées et envisagées

À l’issue de son travail de recherche, de Reffye croit pouvoir déceler au moins 4 champs d’application possible pour ses simulations :

  1. Sur le plan de la botanique, la continuité sous-jacente découverte entre les différents modèles architecturaux pourrait être utile aux botanistes théoriciens comme aux spécialistes de la phylogenèse. Le modèle de simulation pourrait aider à concevoir d’une manière de nouveau unifiée la structure générale d’une plante. Ici, de Reffye exprime donc quelque chose comme le souhait d’en revenir aux spéculations goethéennes sur la « plante primitive » unique. Ce qui indique que la diversité des modèles architecturaux le gêne, même s’il en a pris son parti. Il lui paraît de surcroît possible de « tester les implications graphiques de toute hypothèse théorique sur le fonctionnement des bourgeons »[Reffye (de), Ph., 1979], p. 174.. À cet égard, de Reffye affirme que le tracé graphique est indispensable puisqu’à ce niveau-là, c’est l’expert qui doit être le dernier juge. Dans ce cas de figure, la simulation vaut comme une espèce nouvelle d’expérimentation : elle permet de rejeter certains sous-modèles mathématiques dans le cas où la simulation intégrale n’est pas validée par « l’œil de l’expert »[Reffye (de), Ph., 1979], p. 174.. De Reffye reprend en fait ici une idée dont nous avons vu qu’elle avait été énoncée par Honda dès 1971.
  2. Sur le plan des théories de la morphogenèse, des études quantitatives transversales pourraient être menées sur la simulation de manière à mettre en évidence d’éventuelles interdépendances du point de vue du fonctionnement.
  3. Sur un plan très appliqué cette fois-ci, il rappelle que des méthodes de récolte automatique ont déjà tiré parti des simulations du comportement mécanique des arbres à l’IFCC : la verse est prévenue sur le terrain grâce à ce moyen de la prédire par ordinateur. La production s’en trouve augmentée. Les machines à récolte automatique bénéficient aussi d’une meilleure connaissance des propriétés mécaniques des arbres (oscillations, résonances…) et sont plus efficaces.
  4. Sur le plan plus strictement agronomique, celui de la productivité à l’hectare, de Reffye précise que son logiciel peut a priori prendre en compte la gêne entre arbres (si on lui fournit les paramètres mesurés sur un échantillon) et qu’il peut donc calculer le nombre de fleurs à l’hectare en fonction de la densité des arbresCar, là encore, les modèles biométriques ne sont pas capables d’interpoler des fonctions complexes hautement non-linéaires : la désignation des valeurs optimales pourrait donc être effectuée par synthèse, c’est-à-dire par simulation. : il lui serait donc possible, par tâtonnements, de désigner approximativement la densité optimale. Il indique qu’en cette fin de l’année 1979, des expérimentations allant dans ce sens sont en cours.

Il n’en demeure pas moins que, du point de vue agronomique qui reste d’abord le sien à cette époque, la réussite principale de cette simulation tient dans sa capacité à prédire très précisément la production annuelle moyenne d’un clone de caféier : de Reffye trouve une corrélation de 98% entre ce qui est observé et ce qui est simulé. Néanmoins, si ce travail de modélisation et de simulation montre que l’architecture est bien définie à un âge donné, elle montre aussi que, pour une individu, la floraison, et donc la production, est fortement dépendante du climat. Certaines anomalies des essais agronomiques trouvent là leur explication. L’optimisation à partir du rapport architecture/rendement reste toutefois possible si on la conçoit au niveau de l’espérance mathématique. Donc, même si elle s’est montrée capable d’expliquer et de contourner ponctuellement les insuffisances de la méthode des plans d’expériences, la solution de modélisation de de Reffye ne paraît pas susceptible de la remplacer toutes affaires cessantes et sans condition.