Timides applications botaniques et agronomiques

À en croire les indications de Jaeger à l’époque, les applications agronomiques existent bien aussi et elles pourraient même être de plusieurs sortes 1887 . Il y aura d’abord celles qui ne réclament pas d’extension du logiciel. Une application agronomique particulière est ainsi l’objet d’une collaboration entre l’IRCA (Institut de Recherche sur le Caoutchouc), rattaché au CIRAD, et l’AMAP. Il s’agit de fournir une bibliothèque (ou mini-flore) architecturale simulée de clones d’hévéa afin d’aider l’expert à leur reconnaissance sur le terrain et de prévoir leur comportement mécanique différencié dans le vent.

Par ailleurs, se développent des applications qui nécessitent des extensions. La réalisation de ce premier logiciel d’envergure avait déjà permis à Lecoustre de poursuivre la simulation (déjà initiée à la suite de la thèse de de Reffye) de scénarios d’attaque d’insectes. Une courte collaboration entre le CIRAD et l’INRA voit en outre l’exploitation de ce logiciel, à partir de 1986, à des fins d’évaluation de la masse foliaire des arbres 1888  : « les chercheurs peuvent ainsi évaluer précisément les erreurs commises dans l’évaluation de la masse foliaire par des capteurs au sol » 1889 . La simulation se propose ainsi comme une technique de vérification directe des méthodes classiques de mesure et d’estimation indirectes sur le terrain. Avec cet outil, du point de vue de l’AMAP en tout cas, une prédiction correcte des productions quelconques de toute plante peut paraître accessible aux agronomes dans un proche avenir. Et c’est bien cela qui commence à pousser l’INRA à s’intéresser aux recherches de l’AMAP. Mais, si cela est moins vrai de la direction de cet institut, la grande majorité des agronomes de l’INRA n’est pas convaincue. Pendant longtemps, le CIRAD paie le fait d’avoir délibérément et médiatiquement mis l’accent sur l’image de synthèse : les agronomes n’auront plus qu’à s’engouffrer dans la voie des critiques qui s’ouvre naturellement devant eux. Faire de belles images n’est pas faire de la science, diront-ils. De plus, la modélisation informatique a pour effet de mettre en doute certains concepts botaniques établis par l’école de Hallé : une certaine perte de sens s’installe. L’apport conceptuel n’est pas évident a priori. L’AMAP et les botanistes ne semblent plus présenter un front aussi solide et uni face aux agronomes en mal de modèles physiologiques.

Notes
1887.

Pour des références assez complètes à ce sujet : [Blaise, F., 1991], pp. 50-51.

1888.

Ou masse des feuilles ; voir [Jaeger, M., 1987], p. 132.

1889.

[Jaeger, M., 1987], p. 132.