Si dans la restitution de la croissance d’un arbre en mode préfixé, on traite les ramifications prioritairement, dans la construction ordre par ordre, chaque ordre de ramification est traité pour tous les axes, à chaque top d’horloge 1894 . Ainsi la restitution informatique de l’arbre tend plus encore que dans le logiciel de Jaeger à ressembler à la croissance des méristèmes telle qu’elle a réellement lieu : en parallèle. Une simulation de la croissance des plantes en parallèle nécessite d’abord une structuration plus complexe des données. Ainsi les notions fondamentales de topologie, de géométrie et de dynamique de croissance « se traduisent concrètement par une structuration des données et des programmes qui tend à calquer l’organisation de la plante elle-même », écrit Blaise. Et il commente : « ainsi la complexité botanique de la plante se retrouve dans la mise en forme de la simulation, mais au profit d’une plus grande maintenabilité et d’une extensibilité plus aisée » 1895 .
Cette fois-ci, à la différence de Jaeger, Blaise fait le choix de représenter les entités dans des structures hiérarchisées, cela afin d’éviter la redondance informative dans la définition des entités. Il y introduit six niveaux : entrenœud, unité de croissance, axe, réitération, structure, plante. Les entités sont des structures, leurs liens sont des pointeurs au sens du langage C. Les pointeurs sont des cases de l’entité qui désignent les adresses des entités suivante et précédente. Ils permettent d’organiser des allocations, des classements ou des rangements de manière dynamique. L’entité de plus bas niveau est ici l’entrenœud et l’entité de plus haut niveau est la plante. Cette dernière structure est utile si l’on veut simuler la gêne entre plantes. Notons ici ce fait important : par rapport à la simulation de Jaeger, la rigueur botanique doit être sacrifiée quelque peu pour que la structuration des données puissent être effectivement hiérarchisée. Pour une raison de faisabilité informatique (implémentation en langage hiérarchisé), il faut systématiser certains rapports entre certains organes en sacrifiant les points de détail. Toutefois, un bon réalisme peut tout de même être maintenu désormais grâce à l’avancée conceptuelle intervenue en botanique avec l’introduction de la notion d’« unité de croissance ». En effet, à la suite des travaux de Claude Edelin, cette notion clef a entre-temps été mise en évidence par Evelyne Costes dans son travail de thèse sur le litchi 1896 . En travaillant sur cet arbre, la botaniste a montré que le premier logiciel de 1987 (de Reffye et Jaeger), encore très influencé par la croissance du caféier, avait confondu entrenœud et unité de croissance 1897 : le litchi ne pouvait pas être correctement simulé par le premier logiciel.
[Blaise, F., 1991], p. 55.
[Blaise, F., 1991], p. 61.
In Analyse architecturale et modélisation du litchi, USTL, Montpellier, 1988, cité par [Blaise, F., 1991], p. 181.
S’appuyant sur la synthèse effectuée entre-temps par Claude Edelin, Blaise rappelle que : « La croissance en longueur d’un axe feuillé se décompose en deux phases : dans un premier temps, des entrenœuds sont fabriqués dans le méristème, puis un certain nombre de ces entrenœuds s’allongent dans un temps court […] cette croissance peut s’effectuer de façon continue ou rythmique […] la portion de tige mise en place durant une période d’élongation s’appelle une unité de croissance », [Blaise, F., 1991], p. 27.