Applications et limites

Finalement, en conformité avec l’objectif visé, cette génération de logiciel, qui sera dite AMAPpara, permet de simuler la croissance secondaire (en épaisseur) du tronc et des branches par diffusion et dépôt des assimilats. Elle permet également de tenir compte des interactions arbres/milieu 1932 . De plus, elle a également pour qualité d’être évolutive. Cela lui vient de la structuration relativement complexe de ses données, par rapport à la version primitive. Cette complexité est un signe positif pour les chercheurs botanistes et agronomes de l’AMAP car elle est censée refléter la complexité de la plante réelle 1933 . Avec la simulation réaliste sur ordinateur, la complexité du modèle ne signifie donc plus forcément fausseté ou inutilité. L’épistémologie minimaliste du modèle (le modèle doit être minimal, donc abstractif, pour être utile) semble bien contrecarrée par ces travaux.

Les limites de cette simulation existent toutefois. Elles tiennent d’une part aux fréquentes approximations auxquelles elle a recours. D’autre part et surtout, elles proviennent du fait qu’on n’a pas encore exactement un parallélisme pur en simulation 1934 . Ainsi, le fait d’avoir à balayer un échéancier toujours dans le même sens risque d’introduire dans l’architecture certaines régularités qui seraient des artefacts de simulation. Il a fallu, pour contrer cette fâcheuse conséquence, introduire un aléa dans le parcours de l’échéancier. Selon Blaise, cette limite est à imputer au « manque de matériel et de logiciels adéquats » 1935 . Il est enfin à noter que la discrétisation de l’espace en voxels donne lieu à la recherche d’un compromis entre un coût de mémoire prohibitif et la finesse du pas. Là encore, des limitations techniques sont invoquées.

Quoi qu’il en soit, Frédéric Blaise soutient sa thèse avec ce travail en 1991 et est, par la suite, recruté comme chargé de recherche à l’AMAP.

Notes
1932.

Bilan fait par [Barthélémy, D., Blaise, F., Fourcaud, T., Nicolini, E., 1995], pp. 71-93.

1933.

Voir [Blaise, F., 1991], p. 175 : « La richesse et la souplesse de cette structuration (qui vont d’ailleurs de pair avec sa complexité) laissent toute liberté à de nouvelles applications. Enfin, n’oublions pas qu’elle n’est qu’une représentation d’une réalité botanique elle-même complexe. »

1934.

[Blaise, F., 1991], p. 175.

1935.

[Blaise, F., 1991], p. 175.