L’appel d’offre officiel

En 1991, après ces premiers contacts informels, l’INRA procède donc à un appel d’offre afin d’aider au « développement de recherches sur la simulation et la modélisation de l’architecture des arbres fruitiers et forestiers » 1958 . Cet appel d’offre se fait dans le cadre d’une Action d’Intervention sur Programme (AIP) qui peut rassembler des laboratoires de l’INRA et d’autres institutions. Les chercheurs qui répondent favorablement à cette AIP dépendent, pour une part, des Départements d’Amélioration des Plantes (Arboriculture Fruitière) et des Recherches Forestières de l’INRA, pour l’autre, du Laboratoire de Modélisation de l’Architecture des Plantes du CIRAD. Cette action se prolongera jusqu’en novembre 1993, date à laquelle se tiendra, à Montpellier, un colloque de synthèse 1959 . La collaboration de l’équipe de modélisation du CIRAD est bien sûr ouvertement et « vivement souhaitée ».

Elle est souhaitée ; pourtant elle ne rencontre pas l’unanimité parmi les chercheurs de l’INRA. Tout d’abord, ils ont parfois l’impression qu’une institution semi-privée bénéficie par là injustement d’une manne publique. Et en effet, sur le budget de l’AIP qui s’élève à 3 millions de francs de l’époque, Coléno décide d’en octroyer 2 aux équipes de l’INRA et 1 à l’AMAP. Cela revient à donner 1 million de francs au CIRAD... Mais au-delà de cette rivalité public/privé, des contestations d’ordre scientifique et épistémologique se font jour. Nous tâcherons de rendre compte de ce premier rapprochement entre l’INRA et l’AMAP en nous posant quelques questions directrices. Nous pensons en effet que cet épisode est, à plus d’un titre, révélateur des positions de chacun dans le débat sur le rôle de la simulation informatique face à la modélisation en général. Quelles sont en effet les raisons scientifiques précises pour lesquelles l’INRA et, en particulier, le département des recherches forestières, sollicitent l’aide du laboratoire d’architecture des plantes du CIRAD et ce, malgré le nombre respectable des laboratoires de son ressort qui sont déjà spécialisés en modélisation de la production végétale ? En quoi cela suscite-t-il des tensions ? Sur quels points les critiques formulées par les chercheurs de l’INRA à l’encontre de l’approche AMAP portent-elles ? Quels sont alors les arguments qu’apportent, à l’appui de ce rapprochement, les membres 1960 du comité de pilotage ? Quelles seront enfin les conséquences de cette collaboration ? Telles seront les orientations des réflexions qui vont suivre.

Notes
1958.

Voir [Bouchon, J., 1995], p. 7.

1959.

Colloque du 23-25 novembre 1993 qui a fait l’objet de deux publications séparées : [Bouchon, J., 1995] et [Bouchon, J., Reffye (de), Ph., Barthélémy, D., 1997].

1960.

Françoise Dosba - INRA Bordeaux DGAP, Philippe de Reffye – AMAP/CIRAD Montpellier, Jean Bouchon - INRA Nancy, Unité de Recherche sur la Croissance, la Production et la Qualité des Bois.