Chapitre 31 - La troisième convergence : re-mathématiser (à partir de 1998)

Jusqu’à présent, nous avons pu voir que, dans les premières années de la décennie 1990, la modélisation en sylviculture, notamment en la personne de François Houllier, s’était fortement rapprochée de la simulation architecturale pratiquée à AMAP. Or, en 1993, avant même le départ de François Houllier de l’ENGREF de Nancy pour l’Inde, de Reffye avait été membre du comité d’évaluation du programme « croissance » de l’INRA, programme alors dirigé par Jean Bouchon. À cette occasion, de Reffye et Houllier s’étaient rapprochés encore. Et ensemble ils avaient évoqué l’éventualité que Houllier sollicite à terme le poste de directeur de l’AMAP à son retour de Pondichéry.

C’est chose faite le 1er janvier 1998 : Houllier devient responsable de l’AMAP à la place de de Reffye. Du point de vue de l’INRA, il est directeur du « Laboratoire associé CIRAD-INRA Modélisation de l’architecture des arbres forestiers ». Du côté du CIRAD, il est dit responsable du « Programme modélisation des plantes ». Cette décision, elle aussi assez largement appuyée par Coléno, est d’abord regardée avec surprise de la part de la direction du CIRAD qui s’étonne d’avoir à se dessaisir d’un de ses éléments les plus dynamiques et productifs. En fait, même s’il reconnaît le travail inestimable de son collègue Chauchard sur le plan de l’organisation du laboratoire, de Reffye voit son temps dévoré à 50% par des responsabilités administratives diverses (dont la direction du GERDAT). Or, cela fait quinze ans qu’il dirige son laboratoire. Il éprouve une certaine lassitude. Surtout, il souffre de ne plus pouvoir s’engager à temps plein dans la recherche à un moment où il perçoit que des convergences prometteuses sont sur le point d’aboutir au niveau conceptuel. Et il ne voit pas qu’elle puissent réellement se développer sans son appui constant. Il veut donc être libéré de ces contraintes pour pouvoir se consacrer de nouveau à la recherche. La nomination de Houllier est une opportunité pour lui.