2.1. Incertitude, erreur et activité humaine

Le point de départ de l’analyse mengerienne est la relation de l’homme aux choses. Subvenir à son existence et son bien-être est la principale activité, un « pré-requis à et le fondement de toute autre activité », selon Menger (1871d, p. 77). L’homme subvient à son existence en satisfaisant ses besoins, c’est-à-dire en cherchant à contrôler les choses dont sa satisfaction dépend. En outre, la vie des hommes et leurs préoccupations s’inscrivent dans le temps. L’homme cherche donc à subvenir à ses besoins futurs. L’activité entrepreneuriale, comme toute activité, dépend de la relation de l’homme aux biens. L’explicitation du rôle de l’entrepreneur doit donc, dans cette optique, être rattachée à la théorie des biens. Le premier chapitre des Grundsätze der Volkswirtschaftslehre est consacré au développement de la théorie générale des biens. Autrement dit, la question soulevée est celle des liens qui unissent les hommes aux biens. Pour subvenir aux besoins de l’existence, les hommes ont à leur disposition la connaissance de leurs besoins, de la situation dans laquelle ils se trouvent et de la possibilité d’agir sur ces circonstances. C’est pourquoi le principal problème économique est la recherche des liens de causalité existants entre les choses et les besoins humains à satisfaire 113 .

Notes
113.

La préoccupation de Menger n’est en ce sens pas très éloignée de celle des économistes allemands. L’enseignement de ceux-ci établit très souvent en effet une classification des biens en fonction de leur importance pour le bien-être de l’homme : voir notamment K. Pribram (1986, p. 204).