Section 1. Dispersion de la connaissance, incertitude, action humaine et entrepreneur : l’apport du débat sur la possibilité d’un calcul économique rationnel en régime socialiste

L’objet de notre étude n’est pas de produire un examen exhaustif des différentes contributions au débat sur le calcul économique en régime socialiste. Nous nous attacherons uniquement aux arguments développés par Mises et Hayek, évoquant les critiques qu’ils leur furent adressées afin de souligner leur conception du fonctionnement de l’économie de marché. Après avoir rappelé les circonstances dans lesquelles se déroula le débat sur le calcul économique en régime socialiste, nous nous attacherons dans une première sous section, à la manière dont Mises définit et oppose deux principes de gestion et d’organisation à savoir le marché et la bureaucratie auxquels correspondent deux types de comportement : l’initiative et l’obéissance dont font preuve respectivement l’entrepreneur et le directeur. Nous montrerons que cette représentation dichotomique repose sur une conception très particulière du socialisme laquelle provient de la croyance en la nécessité de laisser fonctionner librement le marché, toute forme d’interventionnisme menant à plus ou moins long terme à la mort de l’économie de marché et l’avènement du socialisme.

S’agissant de la contribution d’Hayek à ce débat, que nous évoquerons dans une seconde sous section, nous reviendrons sur la théorie de l’esprit humain qui est à l’origine de l’analyse des différents types de connaissance dont disposent les individus. L’idée selon laquelle la connaissance est subjective, dispersée et dépend de circonstances particulières de temps et de lieu, est ainsi mise en évidence et pousse Hayek à remettre en cause représentation constructiviste du fonctionnement de l’économie et en particulier de la définition traditionnelle de l’équilibre.