1.3. Processus de découverte entrepreneurial des opportunités de profit, entreprise et tendance à l’équilibre

Nous serons amenés dans cette sous section à examiner la manière dont Kirzner évoque le problème de l’opportunisme qui peut apparaître entre les actionnaires-capitalistes et les directeurs dans la mesure où ce problème nous permet d’éclairer le lien existant entre les différentes fonctions économiques et la fonction entrepreneuriale. Nous verrons que l’activité entrepreneuriale n’est pas liée à l’exercice d’un contrôle sur les ressources ou la possession du capital. Toutefois, la relation entre le capitaliste et le « directeur [manager] » fait intervenir directement la fonction entrepreneuriale, dans la mesure où celle-ci permet au capitaliste d’engager un « directeur » capable de remplir les objectifs fixés par lui et où ce directeur est capable de tirer parti de sa situation et des ressources à sa disposition pour découvrir des nouvelles opportunités. Finalement, la fonction entrepreneuriale, parce qu’elle se définie comme la découverte et l’exploitation de nouvelles opportunités de profit, a une fonction équilibrante qui repose sur l’hypothèse de libre entrée sur le marché. Toute entrave au libre fonctionnement du marché, autrement dit à l’entrée de nouveaux concurrents, doit être proscrite pour cette raison. Pour Kirzner en effet, le système de l’économie de marché libre est fondé sur la possibilité pour tout individu de se lancer dans une entreprise nouvelle. Il est donc essentiel que la concurrence soit possible car lorsqu’elle obstruée, l’activité entrepreneuriale est entravée et la tendance à l’équilibre déprimée. Toutefois, de nombreuses situations peuvent contredire cette tendance à la coordination des actions individuelles. L’activité entrepreneuriale en effet génère en elle-même des changements dans l’environnement économique qui perturbent la possibilité qu’une telle tendance s’établisse. Ainsi, le processus de découverte entrepreneurial ne doit pas être considéré comme un processus linéaire, mais plutôt comme un processus ponctué de nombreux « retours en arrière », du fait des obstacles rencontrés lors des nombreuses étapes de celui-ci.