Section 2. L’entrepreneur dans la dynamique : créativité, ignorance et équilibre

De nombreuses critiques s’étant élevées contre la manière dont il traite de l’incertitude dans ses premiers écrits, Kirzner décide dès 1981 de reprendre son analyse de l’action entrepreneuriale 380 . Il introduit dès lors une distinction entre la simple période, où l’entrepreneur se comporte comme un simple arbitre et la multi-période, où l’entrepreneur spécule sur le futur et tente de faire correspondre son anticipation avec le futur tel qu’il se réalisera. L’activité entrepreneuriale est en ce sens pleinement créative dans la mesure où l’entrepreneur contribue à créer le futur. En effet, lorsqu’il découvre de nouvelles opportunités de profit, il construit le futur. Toutefois, l’entrepreneur reste un arbitre, dans la mesure où l’exercice de la vigilance conduit à corriger les erreurs passées. Nous verrons plus loin que Kirzner met en évidence trois types d’activité entrepreneuriale pouvant être concrètement rencontrés : l’arbitrage, la spéculation et l’innovation. Nous serons ainsi amenés à discuter de la manière dont Kirzner analyse par exemple la relation entre la spéculation et l’innovation.

Bien que Kirzner mette en avant la nature créatrice de l’activité entrepreneuriale, celle-ci se caractérise encore par sa tendance à coordonner les actions des divers participants au marché. Pourtant, comme nous l’avons déjà évoqué dans la section précédente, nous verrons que l’hypothèse selon laquelle l’action entrepreneuriale tend à coordonner les actions des différents individus doit être examinée avec soin. En effet, la prise en compte de sa nature créatrice permet de souligner ses externalités négatives plus ou moins inattendues sur les autres individus.

Notes
380.

Notre analyse est ainsi parallèle à celle proposée par K. Jakee et H. Spong (2003, pp. 462-469).