2.1.2. Les processus de marché

La perspective choisie par Lachmann lui permet de prendre en compte non seulement la pluralité des formes entrepreneuriales et de leur issue, mais la diversité des marchés. Pour notre auteur, ‘« il est, en général, plus sage de parler de marchés plutôt que du marché »’ ‘ 441 ’ et l’issue du processus entrepreneurial dépend des différentes formes en jeu (1986, p. 122). Il distingue trois types de processus de marché : des « processus intra-marché [intra-market processes] », des « processus inter-marchés [inter-market processes] » et des « processus macroéconomiques [Macroeconomic processes] » (1986, p. 6 et sq.).

Le processus « intra-marché » renvoie à une définition du marché assez traditionnelle en économie, à savoir ‘« un complexe de relations entre les consommateurs et les producteurs, les acheteurs et les vendeurs, les emprunteurs et les prêteurs, etc. »’ (1986, p. 6). L’économie se complexifiant et les distances séparant physiquement et temporellement les deux parties s’accroissant, cette relation directe et binaire évolue jusqu’à comprendre de multiples intermédiaires, chacun desquels se spécialise dans certains produits ou types d’activités. L’exemple caractéristique de ce type de processus de marché n’est autre que le marché aux légumes. La coordination entre les deux parties de l’échange passe alors par un intermédiaire : le « marchand marshallien » 442 dont la fonction est d’« exploiter et éliminer » les différences de prix entre les différentes parties du marché. Lorsque de tels prix ne sont pas établis par les parties, ce marchand fixe alors lui-même ces prix pour les acheteurs et les vendeurs. Ainsi, ‘« avec la pleine participation des marchands, et dans les conditions postulées par Marshall dans le livre V, un processus de marché convergeant vers une position d’équilibre peut émerger »’ (1986, p. 7).

Le modèle d’équilibre partiel qui est décrit par A. Marshall et reprit ici présuppose l’existence de marchands. Toutefois, comme Lachmann (1986, p. 21) l’avoue dans une note de bas de page, ‘« le rôle du marchand dans les Principes est davantage supposé qu’il n’est analysé »’. C’est dans Industry and Trade paru en 1919 que A. Marshall décrit en détails le rôle du marchand. Il est ainsi défini par A. Marshall (1919, p. 171) comme étant impliqué dans des activités de « commerce à longue distance » ; ce qui laisse « une large place à l’initiative économique et à la prévoyance à long terme ». Le marchand est en outre responsable de ‘« nombreux subordonnés de tous rangs, du porteur sans qualification au plus haut officier responsable qui était souvent à la fois capitaine de navire et administrateur en chef d’un important entrepôt de biens de valeur en mouvement »’ (1919, p. 171). Mais dans le même temps, l’activité exercée par le marchand répond aux « nécessités du roi ou de l’Etat » 443 (1919, p. 171 n. 1).

Cette conception du rôle des marchands est pourtant loin de celle adoptée par Lachmann. Ce dernier en effet différenciele marchand [merchant] du commerçant [salesman]. Le commerçant [salesman], par définition, prend place à la fin du processus de production : il a pour fonction de vendre, le prix est pour lui une donnée. Le commerçant appartient à la firme : il ‘« est membre d’une hiérarchie, d’une organisation, typiquement la firme industrielle moderne »’ (1986, p. 135). Chaque membre de la hiérarchie a une fonction et celle du commerçant n’est pas de fixer les prix. L’offre s’ajuste directement à la demande par l’intermédiaire non pas des prix mais des quantités.

Parallèlement, le marchand, tel que le défini Lachmann (1986, pp. 132-136), est tantôt « preneur de prix [price taker] », tantôt « faiseur de prix [price maker] ». Il doit d’abord acheter avant de pouvoir vendre. La taille de son stock et de son fond de roulement est donc importante. Celles-ci constituent la seule contrainte à la forme que peut prendre son action. L’activité marchande par excellence n’est ainsi autre que la gestion des stocks de biens agricoles entre le moment des moissons et le moment où les biens agricoles sont demandés par les consommateurs (1986, p. 135). Nous sommes donc bien loin de la description de l’activité des marchands encastrée dans les affaires des rois et des « États ». La référence faite par Lachmann au marchand marshallien est donc loin d’être justifiée. Il semble que l’expression « marchand marshallien » renvoie plutôt au processus d’ajustement par lequel l’équilibre partiel peut être atteint sur un marché donné indépendamment des autres marchés. Par conséquent, cette référence n’a pas plus d’existence que le « commissaire priseur » chez L. Walras 444 . Il ne semble pas qu’il y ait un concept de « marchand marshallien » 445 qui corresponde à la définition qu’en donne Lachmann.

Il est d’ailleurs intéressant de noter que l’on trouve chez Lachmann une description de l’activité du « marchand » dès 1956 dans son ouvrage Capital and its structure. Il affirme alors que le rôle du marchand appartient le processus de transmission de la connaissance. Plus exactement, notre auteur souligne qu’« historiquement, la principale raison de la rigidité des prix a été le déclin du grossiste [wholesale merchant] » (1956, p. 64). Le grossiste était en effet jusqu’à la standardisation des produits « « un intermédiaire [middleman] » dont la fonction économique n’était pas tant de « distribuer des biens » que de collecter et de transmettre l’information et fixer des prix tels qu’ils maximisent son chiffre d’affaires [turnover], lesquels prix devaient être flexibles ! » (1956, p. 64).

Aussi Lachmann (1986, p. 7) considère-t-il que l’histoire économique est marquée par une « tendance à l’élimination des intermédiaires ». Cette tendance se mettrait en place, selon lui, sitôt que les fonctions exercées par le marchand sont assumées « plus économiquement » par d’autres agents, la présence du marchand n’étant plus alors jugée « nécessaire ». Autrement dit, plus que la disparition du marchand, ce qui est décrit ici est la dépersonnification de ses fonctions. Finalement, Lachmann affirme qu’en l’absence de marchands, ses fonctions peuvent aussi ne pas être remplies par d’autres agents ou abandonnées ; ce qui remet en cause la tendance à l’équilibre décrite par A. Marshall.

Or, il suffit de se reporter à la définition du marchand donnée dans Industry and Trade pour comprendre que Lachmann propose une interprétation très personnelle d’A. Marshall 446 . Pour celui-ci, le rôle rempli par le marchand ne disparaît pas avec l’apparition de la grande industrie moderne. Au contraire, les activités autrefois remplies par les marchands sont dispersées entre de nombreux individus. L’entrepreneur [undertaker] prend alors en charge une partie importante des activités des marchands notamment en matière de contrôle et d’organisation de la production. Certes, A. Marshall n’affirme pas explicitement cette idée. Toutefois, elle nous semble justifiée par la définition des activités remplies par le marchand et la définition qu’il donne par ailleurs de l’entrepreneur. A. Marshall (1919, p. 48) souligne en effet que les qualités requises pour l’activité de marchand et d’entrepreneur sont semblables. Il écrit : les fonctions d’‘« organisateur de la production et de la commercialisation [marketing] »’ qui caractérisent l’entrepreneur sont des fonctions ‘« pour lesquelles il [l’entrepreneur] avait besoin des qualités d’esprit et de caractère similaires à celles d’un capitaine de navire engagé dans le commerce au long cours »’. Le marchand défini par A. Marshall (1919, p. 48) est ainsi capable d’initiatives. Il est en outre ‘« vigilant [alert] vis-à-vis des nouvelles idées en particulier telles que demandées par les circonstances et les conditions changeantes »’. Le type de l’entrepreneur-arbitragiste de Lachmann n’est donc pas loin de la définition de l’« entrepreneur marchand 447  » tel qu’il est défini ici. Aussi, l’entrepreneur plus que le marchand aurait une place dans le processus d’ajustement qui permet d’atteindre l’équilibre sur un marché particulier.

Toutefois, il faut noter que la tendance à l’équilibre de l’ensemble des processus de marché est d’autant moins assurée selon Lachmann, que l’équilibre obtenu dans le cadre d’un processus intra-marché est un équilibre partiel à un moment donné et indépendamment de ce qui se passe sur tous les autres marchés. Les besoins et les anticipations des participants évoluant dans le temps, la position d’équilibre est ainsi constamment remise en cause. En outre, il se peut qu’en l’absence de « conditions de coordination », le processus intra-marché ne puisse être lancé, alors même que des opportunités de profit existent. Lachmann prend ainsi l’exemple d’un entrepreneur qui suite à une hausse de la demande anticiperait un accroissement consécutif de l’offre émanant d’entrepreneurs concurrents. Dans une telle situation, l’entrepreneur ne serait pas incité à accroître lui même son investissement et donc l’offre, puisque le profit qui en résulterait serait très faible ou même nul. Aussi Lachmann conclut-il que ce type de processus n’occupe qu’une place modeste dans la compréhension du fonctionnement de l’économie. Il remet ainsi en cause toute conception du processus du marché qui se limiterait à ce type de processus pour comprendre et analyser le fonctionnement des marchés.

Les processus inter-marchés se caractérisent par les mêmes procédures d’arbitrage que celles qui existent au sein d’un marché. Toutefois, le cadre de l’analyse marshallienne ne s’applique plus selon Lachmann, puisque l’excès d’offre sur un marché peut permettre de combler un excès de demande sur un autre marché. Une position d’équilibre n’est plus atteinte que dans de très rares cas particuliers : l’existence de biens de substitution ou de stocks peut alors expliquer l’absence d’équilibre. Mais surtout, il paraît extrêmement ‘« difficile de comprendre pourquoi, dans un monde où des centaines de marchés sont connectés par des liens pourtant minces, les processus inter-marchés devraient être considérés nécessairement converger vers des positions d’équilibre »’ (1986, p. 9). L’issue de ce type de processus est donc fondamentalement indéterminée du fait de la variété des marchés et de leurs inter-connexions.

Les « marchés contigents futurs » sont une parfaite illustration de ce type de processus de marché intertemporels. Les spéculateurs en constituent les « marchands » et se différencient des arbitragistes [hedgers] en ce qu’ils supportent le risque d’une prise de position alors que les arbitragistes se contentent d’acheter et de vendre au même moment 448 . La caractéristique de ce type de marché est que son évolution dépend du mouvement des anticipations : ‘« sur de tels marchés, chaque transaction est un départ pour l’inconnu »’, ‘« à tout moment, les prix évoluent sous l’impact d’anticipations à la hausse et à la baisse, jusqu’à ce que ce que le marché atteigne une position où il est également divisé entre la hausse et la baisse »’ (1994, p. 272). Le marché établirait ainsi continuellement la coordination des anticipations. Or, nous l’avons vu précédemment, cette idée selon laquelle l’activité spéculatrice peut être équilibrante est loin d’être certaine. De nombreux facteurs entrent en considération comme le volume du stock spéculatif ou encore le poids des activités spéculatives par rapport à l’ensemble des transactions. C’est pourquoi Lachmann est contraint de reconnaître que cette activité spéculative est autant déséquilibrante qu’elle peut être équilibrante. Il considère d’ailleurs que ce type de marché peut changer d’orientation de manière aussi soudaine que rapide.

Il souligne en outre que, s’agissant de marchés spéculatifs par nature, les processus inter-marchés sont caractérisés par l’incertitude mais aussi par l’erreur : des changements non anticipés peuvent remettre en cause à tout moment la tendance à l’équilibre. Ainsi, des opportunités de profit peuvent rester inexploitées alors même que les moyens de les exploiter sont disponibles.

Enfin, notre auteur met en évidence la nature déstabilisatrice de l’innovation et le caractère indéterminé du processus inter-marché qui en résulte (1986, pp. 15-18). Il décrit ce type de processus comme étant traversé par deux phases successives : une phase d’innovation et une phase d’imitation (1986, p. 15). En fait, l’analyse de Lachmann renvoie ici plus ou moins à celle de Schumpeter (1911 ; 1939 et 1942) lorsqu’il s’intéresse aux cycles d’affaires. La première phase renvoie à l’introduction d’une innovation. Par soucis de simplification, nous prendrons l’exemple de l’introduction d’un nouveau produit même si ce raisonnement peut, et même doit, être étendu aux cinq types d’innovation décrites par Schumpeter (1911, p. 95 ; 1927, pp. 177-178 et 1942, p. 116). La mise en place d’une innovation permet à l’entrepreneur qui en est à l’origine, et dans la mesure où il existe une demande pour ce type de produit, de bénéficier d’une rente de situation, c’est-à-dire d’un profit, lequel est fondamentalement temporaire. La seconde phase se caractérise par l’entrée de nouveaux entrepreneurs proposant des produits différents. Lachmann (1986, p. 15) note ainsi que « la concurrence conduit à la différentiation des produits ». Toutefois, à la différence de Schumpeter, il ne parle pas de « vagues d’innovations ». Il considère en effet qu’après la phase d’innovation se produit une phase d’imitation durant laquelle des producteurs imitent les innovateurs et réduisent ainsi les profits. Dès lors, les profits tendent à disparaître. Pour rompre avec cette situation, les « innovateurs » n’ont d’autre choix que de poursuivre leur effort en différenciant leurs produits et en innovant de nouveau. L’issue du processus de marché est ainsi fondamentalement indéterminée : il n’est pas possible de prévoir ce qui se produira effectivement. Lachmann s’oppose ainsi à Kirzner pour qui l’activité innovante engendre une tendance à la coordination des diverses activités. Pour notre auteur, au contraire, de nombreux facteurs peuvent ralentir le processus d’ajustement décrit par Kirzner. Parmi ces facteurs, il met en avant le fait que les capitaux ne sont pas parfaitement flexibles (1986, p. 17). Il souligne que le processus de réallocation du capital prend du temps et donc introduit des délais dans l’obtention d’un nouvel ajustement ; ce qui accroît encore davantage l’incertitude quant à la réalisation d’un tel ajustement. En effet, de nombreux événements inattendus peuvent survenir durant ce laps de temps. Les anticipations des agents peuvent avoir changées et même avoir rendu inutile un tel ajustement. L’issue d’un tel processus est donc fondamentalement indéterminée.

Enfin, le processus macroéconomique est un processus inter-marchés en mouvement perpétuel qui se caractérise par ‘« la réorientation continue des hommes vers de nouvelles opportunités, profitables ou simplement appréciables, ou vers la perte de telles opportunités qui, hier encore, étaient à leur portée et le besoin de les formuler dans leur plan de dépenses »’ (1986, p. 12). Les processus multiplicateurs, d’expansion ou de contraction de l’activité économique se composent d’une série de phénomènes de ce type. Il s’agit encore une fois de processus fondés sur l’évolution des anticipations des agents et donc conduisant fondamentalement au déséquilibre du fait de l’incertitude et de la possibilité d’erreurs. Aussi, Lachmann leur dénie-t-il toute vertu. Le processus multiplicatif lié par exemple à une hausse des revenus repose sur l’hypothèse que les stocks demeurent constants. Or, que les stocks soient importants et l’effet multiplicateur sera annulé et inversement, que les stocks soient inférieurs à leur niveau « normal » et la hausse des revenus sera compensée par la hausse du prix de vente et non cumulé par un accroissement du volume de production (1986, p. 13). Les processus macroéconomiques sont donc plus complexes que ce que ne le laissent apparaître les modèles économétriques habituellement utilisés. D’ailleurs, ils ne peuvent permettre de prévoir avec certitude, ou au moins selon une forte probabilité, ce qui se produira.

Finalement, il faut distinguer non seulement plusieurs types de marchés, mais plusieurs types d’agents, des innovateurs, des spéculateurs, des « preneurs de prix [price takers] » ou des « faiseurs de prix [price makers] », mais il n’est plus possible de considérer que l’issue du processus de marché soit nécessairement l’équilibre. Chaque marché est caractérisé par le type d’agents qui le composent. Il ne faut donc plus chercher à expliquer ce qu’est le marché mais s’intéresser aux « marchés » et aux agents qui les composent. Un tableau plus contrasté et plus complexe que celui proposé par Kirzner est ainsi peint par Lachmann.

Notes
441.

Termes soulignés par l’auteur.

442.

Lachmann (1986, p. 6 et sq.) se réfère ainsi explicitement au livre V des Principles of Economics de A. Marshall et à son analyse des « relations intra-marché » même s’il note qu’il existe de nombreuses différences entre leurs points de vue notamment en ce qui concerne la référence à l’équilibre. Il ne fait cependant aucune référence à un passage précis de ce livre V. Il n’est donc pas possible de dire si Lachmann prenait pour référence l’exemple du marché du blé proposé par A. Marshall.

443.

L’histoire économique en effet met en évidence qu’à l’origine, le commerce de longue distance concernait essentiellement des biens de luxe échangés entre les rois. Plus encore, A. Marshall (1919, p. 172) souligne que les marchands exerçaient en outre un rôle important dans « la coordination et le financement des industries localisées ». Certes, le marchand travaillait pour son propre profit, mais il servait les autres, en particulier son pays. Loin d’agir par simple patriotisme, l’histoire économique a montré que les marchands étaient dépêchés par les rois et les « États » pour vendre les produits « nationaux ». La sélection des meilleurs producteurs, à laquelle opéraient les marchands selon A. Marshall, doit donc être pensée dans ce cadre institutionnel particulier. A. Marshall d’ailleurs considère que le marchand ne fait appel aux producteurs étrangers que lorsque la production « nationale » est absente ou extrêmement limitée. Plus encore, il souligne que les « grands marchands devinrent les principaux financiers de l’Angleterre d’une manière d’autant plus marquée que dans d’autres pays, en partie parce qu’Edouard 1 er avait expulsé les juifs au moment même où le commerce anglais prenait forme », (1919, p. 694).

444.

Nous nous référons ici au mythe du « commissaire priseur » ou « crieur de prix » introduit par l’interprétation post-walrasienne Nous renvoyons le lecteur par exemples à J. P. Potier et P. Dockès (2003, p. 15) et D. Walker (1996) pour une explication détaillée.

445.

Le terme « marchand » n’apparaît d’ailleurs qu’en de très rares occurrences dans le livre V des Principles of Economics auquel Lachmann fait référence. L’analyse de A. Marshall s’intéresse en effet davantage à la figure du marchand telle que l’histoire économique la décrit. Nous sommes donc loin de la description d’un quelconque individu exerçant une activité équilibrante sur le marché. Nous n’avons pour notre part trouvé que trois références au « marchand » dans le livre V des Principles of Economics renvoyant chacune à la figure historique du marchand et non à l’exercice d’une quelconque fonction équilibrante. Les références sont les suivantes : A. Marshall (1890 chapitre I §1 ; chapitre III § 6 et chapitre XIII § 6).

446.

Nous sommes d’ailleurs surpris de voir qu’alors que B. Loasby souligne les affinités existant entre la pensée d’A. Marshall et de Lachmann, celui-ci ne relève pas ce point. Pour une analyse mettant l’accent sur les affinités entre la pensée de ces deux auteurs nous renvoyons le lecteur à B. Loasby (1998, pp. 15-20).

447.

Notre expression. A. Marshall ne l’utilise en effet jamais lui-même. Nous l’utilisons non pas pour décrire un type particulier d’entrepreneur que l’on pourrait découvrir chez A. Marshall, mais pour souligner le fait que la fonction entrepreneuriale est liée dans une certaine mesure à la fonction remplie par le marchand aux débuts du commerce.

448.

La critique que nous avons adressée à Lachmann en nous fondant sur l’analyse de N. Kaldor (1939) concernant la définition de la spéculation et de l’arbitrage en couverture trouve ici une certaine justification. La spéculation est ici définie comme liée à la prise de risques, ce qui était occulté dans la description concernant les différents types d’entrepreneurs. D’ailleurs, Lachmann n’emploie pas le terme « arbitrageurs » mais « hedgers ». Toutefois, il n’explique pas le lien qu’il établit entre l’opération d’arbitrage et de couverture.