2. DESCRIPTION ET ANALYSE DE LA SITUATION ACTUELLE DE LA SANTé MENTALE AU BURKINA FASO

D’une manière générale, on peut dire que les données épidémiologiques sont très aléatoires. A cause de la pratique de la thérapie mixte et en l’absence d’enquête épidémiologique au niveau national, les seuls chiffres disponibles sont ceux recueillis à partir des consultations dans les structures de soins publiques. Mais au-delà de la santé mentale cette situation concerne, de manière générale, la situation sanitaire au Burkina Faso.

On estime que les troubles mentaux, toutes catégories confondues, ont constitué 18,1 %, 13,4 % et 13,1 % des motifs de consultations dans les structures sanitaires publiques en 1995, 1996 et 1997. Les urgences psychiatriques constituent 10 % des urgences médicales 6 .

Ces données ne traduisent qu’une faible partie de l’ampleur des problèmes de santé mentale. On observe de nouvelles formes de constellations pathologiques, principalement des pathologies narcissiques et aiguës ainsi que des troubles de comportement psychopathiques sur le plan de la psychiatrie. Au niveau des troubles psychologiques, on peut noter qu’ils présentent une ampleur de plus en plus croissante.

La tranche d’âge la plus touchée concerne la population des adolescents et des jeunes adultes. On estime qu’une telle situation est principalement liée aux transformations et aux mutations actuelles, aux nombreux problèmes psychosociaux et économiques qu’elles entraînent et qui touchent toutes les couches de la population, mais affectent particulièrement la population des jeunes adultes et des adolescents.

Les échecs et les refus scolaires, les crises liées à la rupture des liens sociaux, aux conflits familiaux, les comportements antisociaux et psychopathiques, les troubles associés aux problèmes de la toxicomanie, de la prostitution et des grossesses précoces ou non désirées (jeunes mères et futures jeunes mères en difficultés) font quotidiennement l’objet de plusieurs recours dans les formations sanitaires et sociales et dans diverses institutions caritatives.

Au niveau de l’offre de soins, on peut dire qu’elle est assurée dans une grande majorité par le système de soins traditionnels (consultations divinatoires et tradi-thérapies) et les systèmes de soins religieux et/ou syncrétiques (prières de guérison et de délivrance). Les prestations de soins de santé mentale des structures sanitaires modernes sont organisées autour des services de psychiatrie des hôpitaux et dans des unités de soins psychiatriques des centres médicaux. Au niveau du personnel, on compte 7  :

De façon générale, les différents spécialistes s’accordent sur le fait que les prestations de soins en santé mentale sont très insuffisantes en nombre et en qualité. Les services de santé modernes n’assurent principalement que des soins médicaux et curatifs.

Les préventions primaires et tertiaires restent assurées par les familles, les ONG, les associations et les institutions religieuses et caritatives.

Notes
6.

Ces chiffres sont tirés du document sur le Programme National de Développement de la Santé Mentale 2002-2006, édité par la Direction des Études et de la Planification (D.E.P) du Ministère de la Santé et dont nous avons participé à la validation.

7.

Ministère de la Santé. DEP. Op. Cit.