1.2. Des appartenances socioculturelles et religieuses des patients

La majorité des patients que nous avons reçus en consultation sont de culte chrétien (catholiques et protestants) 74,78%. Les patients de culte musulman ou traditionnel (animiste) ne constituent qu’un nombre relativement faible 25,21%. Ce constat est d’autant plus frappant lorsque l’on sait que, selon la répartition démographique générale de la population, les fidèles de la religion chrétienne sont minoritaires par rapport à ceux des religions animiste et musulmane.

D’autre part, la religion animiste est la religion traditionnelle des burkinabé et constitue de ce fait les racines de leurs pratiques religieuses. L’implantation de l’Islam étant beaucoup plus ancienne que celle du christianisme, on peut penser, a priori, que la religion musulmane bénéficie d’une plus grande intégration au sein des communautés.

Il apparaît également une différence significative dans la répartition au sein du groupe des patients de culte chrétien. Alors que la presque totalité des patients catholiques sont issus de parents eux-mêmes catholiques, les patients de culte protestant sont pour leur majorité des convertis de première génération. Certains de ces patients se sont convertis après des recours auprès des thérapies religieuses d’obédience protestante. Leur conversion aurait été motivée par le désir de la guérison ou alors serait intervenue à la suite d’une guérison, même si celle-ci n’aurait été qu’une simple rémittence dans ce dernier cas, puisque la maladie ressurgit à nouveau. On peut donc dire que si les patients catholiques ne sont plus dans la religion de leurs ancêtres, ils sont dans la religion de leurs pères alors que les patients de culte protestant ont changé de religion et ne sont plus dans la religion des parents. On peut noter également que les patients de culte catholiques retournent plus facilement, dans leur majorité, aux pratiques traditionnelles et recourent volontiers aux thérapies religieuses d’obédience protestante.

Les patients de culte musulman et animiste qui viennent à notre consultation, se présentent généralement comme ayant pris une certaine distance par rapport à leurs religions. Leurs récits montrent cependant des sujets qui sont en rupture ou en conflit avec des pratiques ou des modes de vie de leurs communautés religieuses jugés par eux comme étant trop contraignants ou révolus.

D’une manière générale, nous avons constaté que les différentes appartenances socioculturelles et religieuses influent sur les démarches de soins.