2.2. LE RECOURS A L’INSTITUTION DIVINATOIRE COMME REQUESTIONNEMENT DES ENONCES FONDAMENTAUX ET TENTATIVE DE RESTAURATION DU CONTRAT NARCISSIQUE

Des observations sur les fondements des thérapies traditionnelles et de leur analyse, nous pouvons retenir que l’institution divinatoire émane intrinsèquement des énoncés fondamentaux du groupe et des systèmes de références symboliques qui sous-tendent la vision de l’être humain, discriminent les catégories de l’humain, de celle du non humain, et réglementent l’usage des espaces et les comportements y afférants.

Dans de tels systèmes, la représentation sur la procréation humaine distingue deux dimensions :

Dans ces systèmes de références symboliques, la maladie, notamment celle qui porte atteinte à l’intégrité morale et psychique de l’individu, est considérée comme l’effraction d’un événement dans un corps biologique mais aussi dans un corps social. Elle entrave l’accomplissement normal d’une destinée singulière au sein d’une communauté humaine et menace en cela même la pérennité, l’harmonie et la cohésion du groupe.

Sans récuser la dimension biologique, médicale, de la maladie, celle-ci était imputée au fait des forces maléfiques, aux attaques vénéfiques de tiers qui entraînent un affaiblissement du siiga (principe vital humain) et une irruption du kinkirga dans l’espace socialisé et culturellement humain. Qu’elle soit le fait d’un tiers malveillant ou celui de forces surnaturelles maléfiques, l’irruption du kinkirga hors de l’espace, dans lequel il a été circonscrit et dans celui du culturellement socialisé et humanisé, traduit une frustration ou un mécontentement de sa part et contre lesquels il vient protester. La maladie était donc une effraction du siigré. De ce fait, il pouvait motiver le retour à l’institution divinatoire. Les raisons d’une telle situation peuvent être une mauvaise négociation du contrat, du pacte, parce que le kinkirga aurait été mal identifié ou, encore, parce que sa singularité n’aurait pas été suffisamment prise en compte dans la négociation du pacte, par rapport aux énoncés fondamentaux et aux attentes du groupe. Le siigré était, pour ainsi dire, bancal. Une telle situation pouvait également provenir d’un non respect des inter-dits qui régissent le siigré et la vie dans la communauté, de la part de l’individu lui-même ou de la part des membres de sa communauté.

Toujours était-il que le retour à l’institution divinatoire constituait ainsi une nouvelle donne qui permettait de réinscrire les choses dans l’ordre, de rétablir l’harmonie ou non, en fonction de la nature du mal, des agressions et des frustrations. Le kinkirga, le siigré, comme les attentes et les énoncés fondamentaux du groupe pouvaient être ré- interrogés et remis en cause, à cette occasion et pour ce faire.