Chapitre 2. Figurativité profonde et langage spatial

A l’instar de Wittgenstein, si on définit des « faits » peuplant l’entour humain comme la résultante du processus de détermination par le langage d’existence ou de non-existence des états de choses, il sera alors bien-fondé de dire que le sens qui se construit à travers le dispositif énonciatif du discours est dans un certain sens antérieur à sa valeur véri-conditionnelle et que la figurativité profonde, notamment spatiale, qui fait partie de l’énonciation est de nature à modeler la représentation référentielle, « image du monde » du sujet qui s’y énonce. En ce sens, elle n’est pas le point d’arrivé du processus de figurativisation qui ne consisterait qu’à habiller de densité sémantique plus complète des rôles thématiques déjà articulés au palier narratif.

En effet, le dispositif spatial est considéré, dans la sémiotique classique, comme l’un des processus d’organisation discursive et il n’est qu’un cadre de manifestation pour la mise en thématisation des programmes narratifs qui sont censés déjà articulés en termes de la logique d’action et de grammaire narrative. C’est une relation de présupposition unilatérale qui existe dans une telle perspective entre le langage spatial, d’une part et l’ « imaginaire anthropologique de l’univers du sens », d’autre part.