1-3. Deux modes de saisie « molaire » et « sémantique »

A la base de ce qui vient d’être dit concernant deux types de savoir figuratif, il sera intéressant de les comparer, sous toute réserve, avec deux modes de saisie qui sont mis en évidence par J. Geninasca. Ils correspondent à deux sémiotiques :

La sémiotique du signe-renvoi qu’on pourra qualifier d’inférentielle ou d’encyclopédique repose sur le mode de saisie « molaire ». Elle est en vigueur dans la construction référentielle du savoir associatif partagé par une communauté socio-culturelle à un moment donné de son histoire. Quant à la sémiotique des ensembles signifiants, elle a pour mode d’articulation la saisie « sémantique ». Elle réside en ce que le sujet d’énonciation comme instance de lecture se met à jouer, manipuler les virtualités à la fois perceptives et sémantiques que lui fournissent les figures du monde naturel et cela afin de les actualiser dans une organisation discursive dont l’autonomie structurale est garantie par la saisie sémantique. Les saisies molaire et sémantique se présentent ainsi comme des opérations énonciatives d’instauration de l’objet textuel en discours. La mise en discours suppose donc que le sujet de lecture procède à la sélection de potentialités signifiantes des figures du monde perçues et qu’il les met en cohérence discursive en mobilisant ses compétences de diverse nature. De même que le sujet d’énonciation est doté chez Greimas de deux modalités /savoir/ et /croire/, le sujet de lecture est l’incarnation du sujet de discours qui se définit d’après Geninasca comme une configuration de compétences basée sur deux types de rationalité, inférentielle (saisie molaire) et mythique (saisie sémantique). Le mode d’être du sujet agissant demeure sous la dépendance du « sujet d’assomption » qui fonde son croire sur l’évaluation prédicative des valorisations thymiques, c’est-à-dire les valences du non-sujet (J.C. Coquet). Celui qui asserte à l’égard de l’Objet Dynamique d’ordre sensible s’incarne en Destinateur afin de faire assumer au Destinataire un programme de transformation conforme à sa fiducie, d’une part et d’autre part de jauger ce qui en résulte. L’aptitude de jugement du destinateur serait, quant à elle, conditionnée en Sanction par l’ensemble de réseaux du savoir qui s’associent inférentiellement les uns aux autres, tant par l’équivalence fonctionnelle des deux faces du signe que par sa fonction-renvoi, les topoï qu’elle sert à construire étant partagés par les membres de la communauté à laquelle il appartient.