1-4. Sens et langage

Au sujet de la grandeur de noème perceptif, nous suivrons donc Deleuze, quand il commente Husserl dans son ouvrage Logique Du Sens. Pour Deleuze, le sens est un complexe signifiant qui ne peut pas être saisi sans le considérer dans son rapport au langage qui l’exprime comme effets de surface. Il faut également le relativiser dans ses deux dimensions de quasi-causalité entre les « incorporels » (Stoïciens), d’un côté et de temps du devenir, « Aïon » 1 d’autre côté. Ainsi conçu, le sens est à la fois l’attribut d’états de choses et l’événement, qui n’existe pas à proprement parler, mais « subsiste » dans le contenu propositionnel qui l’exprime. En revanche, le sens comme effet de surface est un événement dans son rapport aux corporels physiques qui le sous-tendent et qui entrent en causalité réelle en profondeur. Il n’existe pas hors du discours qui l’énonce : il est l’exprimé ou l’exprimable du contenu qu’il véhicule et qui le présente sous un certain angle. Le sens est l’« extra-être ». Il ne se confond donc pas avec son expression dans la mesure où elle doit être effectuée en diverses modalités propositionnelles comme quantificateur, temps verbaux, aspects et attitudes illocutoires, etc. A la différence du discours qui l’exprime, le sens est un événement exprimable, impassible, neutre, irréductible à toutes les formes modales fléchies que sont les effectuations effectives du sens.

Notes
1.

Il s’agit d’un mode d’appréhension du temps infinitif, non fléchi du devenir cosmique. Il s’oppose au Chronos qui est d’ordre du temps particulier, « conjugué » de l’étant.