2-2. Statisme du sens

Du point de vue statique, le sens est fonction du langage, en l’occurrence le contenu propositionnel qui l’exprime. Son organisation interne est dite « tertiaire » et s’articule ainsi par trois dimensions du langage :

• la signification : c’est le résultat d’opérations de l’implication. Elles fondent des rapports qui existent entre des concepts généraux et leurs prémisses et conclusions dans le cadre du processus de « démonstration »,
• la manifestation : il s’agit de position du sujet de jugement qui y exprime ses désir et croyance,
• la désignation : elle renvoie à l’opération d’individualisation d’objets particuliers, ou d’états de choses existant dans un monde quelconque.

Rapporté à l’organisation tertiaire de la proposition, le sens prend une forme de neutralité, d’impénétrabilité qui n’existe pas, mais « subsiste » à ce qui le montre. En ce sens, il est « incorporel » (Stoïciens) et se présente comme effet de surface qui émerge de la tension entre ces trois dimensions de la proposition. Il est en quelque sorte à mi-chemin entre le contenu propositionnel et l’univers référentiel auquel il renvoie. Avant d’entrer en détail, on se permettra de voir la théorie du signe stoïcienne à laquelle Deleuze fait référence plus d’une fois. Et cela par le biais d’U. Eco qui en parle dans son ouvrage Sémiotique et philosophie du langage.