3-1. Composantes du contenu représentatif

En faisant abstraction tout ce qui appartient à la double référence de l’expression, subjectale et objectale, il reste deux choses :

  • l’expression en tant que matière de manifestation 1 ,
  • la signification correspondante.

Quant à la signification, elle est constituée de plusieurs actes :

  • l’acte donnant à l’expression une simple intention de signification qui est d’ordre de l’intuition représentative,
  • l’acte remplissant cette intention.

Pour comprendre ce que Husserl entend par «expression », il nous semble nécessaire de nous arrêter sur un point. C’est qu’il élabore une méthode d’abstraction phénoménologique pour expliquer comment passer au champ d’expériences pré-réfléchi, « antéprédicatif » 2 à partir d’une catégorie d’objets perçus. On va voir donc le cadre méthodologique de la phénoménologie husserlienne.

Elle a pour objectif de décrire le processus par lequel le sens prend une forme de valeur directionnelle venant de l’acte de perception qui lie le sujet et l‘objet dans un rapport psycho-physique. A force de ce cheminement, le regard esthésique témoigne du retour à l’expérience fondamentale et originaire de l’« icônicité primaire ». Le processus dont il s’agit s’explique sous forme d’un parcours jalonné de cinq moments successifs :

  • Epochê (parenthétisation de nos habitudes de percevoir),
  • Réduction phénoménologique de la matière perceptible,
  • Sa variation libre, imaginaire,
  • Intuition représentative de la relation entre noème et noèse,
  • Acte de décrire cette intuition.

Notes
1.

Dans l’ouvrage déjà cité (p. 104.) Sémir Badir signale que les concepts de manifestation et de réalisation en glossématique trouve leur source dans la phénoménologie husserlienne. Ils ont été développés, on s’en doute, par Greimas et ses collaborateurs en théorie de quatre modalités : potentialisée, virtualisée, actualisée et le réalisée.

2.
« Husserl se proposait de reconsidérer la base sensible et vivante de toute science, en remontant méthodiquement au soubassement perceptif de toute pratique scientifique et de retrouver le processus par lequel les catégories et les lois propres à une science émergent des « choses mêmes » et de leur apparaître sensible. La réflexion phénoménologique au moins, grâce à une régression systématique et contrôlée jusqu’à cet espace théorique « antéprédicatif » ». (Sémiotique et littérature, J. Fontanille, P.U.F, 1999, p. 225 : c’est l’auteur qui souligne.)

En partant du postulat phénoménologique ainsi formulé, l’auteur arrive à mettre en avant cinq variables caractéristiques du champ de présence et de discours et qui peuvent s’expliquer, selon lui, en termes de l’intensité et de l’étendue du schéma tensif ;

  • la valeur directionnelle des deux termes de l’intentionnalité ; la source et la cible
  • le flux perceptif et son tempo
  • l’extension en profondeur
  • le devenir (stabilité et instabilité) des zones centrale et périphérique du champ de présence
  • la sensibilité proprioceptive de l’instance de discours.