Chapitre 2. Rapports du sensible et du catégoriel

Introduction

I. Deux régimes du sens, continu et discontinu

Dans ce qui suit, il s’agira, dans un premier temps, de la sémiotique tensive développée autour de la notion de valences. En ce faisant, on s’efforcera de mettre en relief le caractère, sinon transversal, du moins liminaire de l’espace tensif, quand on le rapproche de l’actant d’observateur conçu comme modalité épistémique du sujet énonçant. De ce point de vue, l’instance d’énonciation n’est pas uniquement le lieu d’exercice de différentes compétences sémio-discursives. Lors de ses activités catégorielles, elle garde en mémoire aussi ce qui est dû au fait qu’il y a un sujet sensible qui occupe le centre régulateur du flux perceptif. Il le module sur deux échelles de valences mises en profondeur en champ de présence : gradient de l’intensité et gradient de l’extensité. Ce qui résulte de la mise en corrélation de ces échelles valencielles donnera matière à la catégorisation qu’elle introduit dans son discours. Il y a donc un saut qualitatif qui se produit lors de passage entre deux régimes du sens, continu et discontinu : le sujet énonçant fait débrayer sur son discours un actant d’observateur qui assume un acte perceptif. Ce dernier implique, sur le mode continu, deux éléments du double mouvement de visée et saisie : instabilité identitaire du sujet tensif et ambivalence de l’objet perçu. Il se manifeste, lors de catégorisation du régime de valences, sous forme de diverses molécules actoriels qui sont autant de lieux de transformation de rôles actantiels dont l’objet-valeur. Les valences qui viennent de la morphologie du champ de présence se trouveront ainsi « converties » en des termes-valeurs articulés sur le mode discontinu, le cas échéant, en carré sémiotique.