1. Valence

1-1. Domaines d’application

Pour commencer, on se rappellera que la notion de valence en sémiotique trouve sa source dans trois disciplines distinctes. En physique, elle désigne le nombre d’électrons qu’un noyau nucléaire divisible 1 peut tenir ensemble en cohésion structurale. La force de cohésion d’une substance chimique est proportionnelle à la puissance numérique d’électrons qui tournent aimantés autour de l’atome sur fond d’énergies potentielles sujettes au chaos 2 . En psychologie, la valence renvoie au gradient de force attractive d’un objet fétiche qui exerce l’influence sur l’état d’un organisme humain qui le convoite. Elle rend compte des rapports de tension qui existent entre l’état interne d’un sujet et l’état de choses externe qu’il vise. En linguistique, la notion de valence vient de la syntaxe structurale de Tesnière et elle désigne le nombre de positions casuelles qui sont nécessaires à la constitution d’une structure prédicative. Il s’agit là de la force de rection qu’a un syntagme verbal par rapport aux actants qu’il régit sous sa dépendance. Ce qui est commun aux trois acceptions de la valence, c’est qu’elle signifie une certaine fonction de « liant » permettant de mesurer la distance ou la proximité entre les éléments centraux et périphériques qui composent le champ d’observation.

Munie de ce fonds commun, la tensivité phorique qui est en vigueur en sémiotique peut être conçue comme un champ de perception où trois dimensions de l’expérience sensible convergent, se transforment les unes dans les autres de sorte qu’elles entrent en corrélations de deux types de valence intense (degrés de l’intensité perceptive) et extense (degrés de l’étendue quantitative). Les trois dimensions qui se mettent en cause sont les suivantes :

  • le rapport méréologique entre l’unicité et la multiplicité qui l’articule comme partie,
  • la dynamique interne du sujet de perception qui lui correspond,
  • la praxis énonciative qui exprime la corrélation du sujet et de l’objet du monde en qualité de morpho-dynamique du discours en acte.
Notes
1.

L’échelle d’observation la plus base en physique ne porte pas sur la configuration atomique d’une matière mais les quarks qui en sont les constituants ultimes connus aujourd’hui.

2.

Le chaos ne veut dire ni le désordre, ni la masse amorphe. Il indique le quota de l’imprévisible dans le calcul de la probabilité et montre par là même le devenir d’un système donné.