II. Epistémologie bouddhiste

Afin de faire une synthèse des acquis théoriques mis à jour jusqu’à présent, nous allons maintenant introduire un graphe qui, en tant que schéma mental, sert à visualiser le mode épistémologique d’une pensée religieuse. Il s’agit de l’ancienne forme du Bouddhisme en Corée datant du huitième siècle et qui avait été initiée par un grand moine du pays, nommé Won Hyo. Il y a un certain sémioticien coréen qui modélise sa théorie en partant du graphe en question. 1 Il en applique la méthodologie à l’analyse des oeuvres littéraires de l’époque ancienne.

C’est en tant que schématisme hypoiconique que nous appelons, à la suite de Peirce, « graphe existentiel » l’espace épistémologique qui se présente de la façon suivante :

Au fondement de ce graphe qui représente la gnoséologie et la cosmogonie bouddhistes, il existe un certain nombre de principes qu’il faudrait expliquer en détail afin d’en mesurer la portée métaphysique :

  • le Grand Vide producteur de l’articulation épistémologique,
  • la double prédication (double négation et double affirmation),
  • la complémentarité entre l’unicité cosmique et la multiplicité phénoménale,
  • trois instances du mouvement de la Vie dans leurs relations d’interpénétration (trois points d’intersection des courbes et des lignes droites),
  • le devenir identitaire (non-permanence) du sujet impliqué dans ce mouvement en spirale de la neutralité vitale, etc.

Etant donné la spécificité de notre recherche, nous ne prendrons pas en considération tous les postulats gnoséologiques du Bouddhisme dont les grands axes viennent d’être esquissés. Ce que nous retenons de ce mode de représentation épistémologique, c’est l’efficacité schématique qu’il propose et elle nous permettra, espérons-le, de mieux saisir, entre autres, la manière dont s’effectue le passage entre deux modes de rationalité, continu et discontinu.

Notes
1.

Voir 화쟁기호학, 이론과 실제, 이도흠, 한양대학교 출판부, 1999.

Nous suivrons l’auteur pour la présentation graphique qu’il fait de la pensée du moine bouddhiste mais en modifiant les termes qu’il utilise.